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Derrière les courbures de l’espace-temps (2) : le rêve


N.B. : Le livre « DERRIÈRE LES COURBURES DE L'ESPACE-TEMPS » présente ma vision personnelle de l’univers, obtenue au travers d’une enquête débridée à la croisée de la vie et des deux infinis. Il propose une explication, certes imaginaire mais cohérente et possible, de l’origine de l’eau, des espèces vivantes et de l’univers lui-même. On y parle entre autres d’énergie, de vie, de chaîne alimentaire, de quanta d’espace-temps ou « bulles d’espace-temps », de gravitation quantique, d’énergie noire, de matière noire, d’antimatière, de trous noirs, de relativité générale, de bosons de Higgs, d’univers unifié, de fractales, de chaos, de théorie du tout et du Big Bang. L’extrait présenté ci-dessous correspond au chapitre « LE RÊVE » de ce livre (© Anne Spiteri, 2020 - Edition 2020 mise à jour en 2021 - ISBN numérique 979-10-262-5242-9).
>>Chapitre précédent_______________>>Chapitre suivant_______________>>Le livre en entier avec le plan détaillé


Résumé de ce chapitre

Où l'auteure raconte un rêve lui suggérant qu'il y a de la vie derrière les courbures de l'espace-temps relativiste ; et où elle décide de le décrypter en apportant aux sciences physiques l'éclairage des sciences de la vie.

Un rêve inoubliable et décisif

Tout a commencé en 2017. Mais je ne peux pas parler de l'univers sans parler de mon père. Remontons donc en 1971. Je suis en première au lycée Van Vollenhoven de Dakar et nous habitons juste à côté de l'aéroport de Yoff1. La journée s'achève. Mon père m'emmène comme souvent le soir dans une petite crique face à l'océan à perte de vue depuis cette extrémité occidentale de l'Afrique. On s'assied sur les rochers en attendant le retour de la pirogue d'un pêcheur local à qui l'on achètera quelques badèches, sars, liches ou autres pour le repas. Nous restons ensuite jusqu'au coucher du soleil parce qu'il veut me montrer le rayon vert2. Le contexte ? Le supersonique Concorde vient de se poser pour son premier vol international et mon père m'a emmenée le voir atterrir au bord de la piste ; deux ans plus tôt, il m'avait fait suivre à la radio l'alunissage du LM d'Apollo 11 ; et depuis gamine, il me montrait au télescope le magnifique ciel étoilé tropical de Bamako où nous habitions avant Dakar. Nous n'avons jamais vu le rayon vert… Mais tandis qu'on le guette jusqu'à la dernière lueur du jour, mon père élabore des théories et des inventions plus farfelues les unes que les autres sur la matière, la lumière, la gravitation ou le « mouvement absolu », dessins sur le sable à l'appui. Je lui sers de disciple. Cette année-là, en même temps qu'il me faisait relever plusieurs fois par jour la position d'un objet lointain dans son télescope qu'il avait équipé d'un réticule en cheveux, mon père avait conçu et fait forger par un artisan dakarois « un prototype de soucoupe volante ». C'était un disque de fonte creux mais très lourd à cause de ses parois très épaisses. Il comportait un axe de rotation décentré et muni d'ailettes pour entraîner des grosses billes d'acier de roulement à billes de roue de camion. Ce disque devait s'installer sur la précieuse centrifugeuse Moulinex que ma mère venait de rapporter de France pour nous faire des jus de fruits locaux. Heureusement pour son cœur fragile, elle n'a jamais su que mon père avait transformé sa centrifugeuse en rampe de lancement pour soucoupe volante. Il n'y avait que mon père et moi lorsque le grand jour est arrivé. En tournant dans le disque dont l'axe était entraîné par la centrifugeuse, les billes d'acier ont fait un bruit effroyable. La soucoupe volante n'a pas bougé pour autant. « C'est parce que la force engendrée lors de l'accélération des billes compense celle de leur décélération » m'avait expliqué mon père. La soucoupe a servi d'ancre pour le petit esquif avec lequel nous allions pêcher dans la baie de N'gor, mais je n'ai jamais oublié la leçon : la nature fait coexister les phénomènes opposés. Toutes ces conversations m'avaient de plus renforcée dans ma conviction que, la vie étant inhérente à l'univers3, on ne pouvait espérer le comprendre sans apporter aux sciences physiques l'éclairage des sciences de la vie, sciences vers lesquelles je me suis donc presque exclusivement tournée depuis.


Fig. 1: Mon père dans le Grand Nuage de Magellan. Cette image, au centre de laquelle apparaît le visage de mon père, est extraite de « Hubble aux confins de l'espace » (NASA's Scientifique Visualization Studio, Hubble's Enduring Legacy Copyright TLP 2015) vers 29:45 mn


Tout a donc commencé en 2017, à l'occasion du premier anniversaire de la mort de mon père. Ce jour-là en effet, en souvenir des bons moments du passé, j'ai enfin pris le temps de visionner le documentaire « Hubble aux confins de l'espace » ; et soudain, lors d'un zoom aux confins de la Voie lactée, j'ai aperçu mon père : il était assis dans la galaxie du « Grand Nuage de Magellan » et me faisait signe de son bras droit. Sa barbe avait bien poussé. J'ai immédiatement perçu la coïncidence qui me l'avait fait découvrir pour l'anniversaire de sa mort comme étant « le signal ». Nos conversations loufoques nous avaient en effet conduits à la promesse mutuelle que le premier qui disparaîtrait se « débrouillerait » pour envoyer un signal à l'autre, mon père me soutenant que « l'on ne meurt pas complètement ». Ajouté à cela le nom « Magellan » qui est en lui-même une invitation à faire le tour de l'univers, j'ai réalisé qu'il était temps pour moi de boucler la boucle ; autrement dit, d'utiliser tout ce que j'avais appris des sciences de la vie pour imaginer un modèle d'univers. Après m'être rapidement replongée dans les sciences physiques et le cosmos que j'avais depuis longtemps délaissés, je me suis donc installée devant une feuille blanche et j'ai fermé les yeux pour me remémorer ce magnifique documentaire. Sans doute me suis-je alors assoupie un instant car un rêve en a écrit la suite ; et quelle suite, puisque mon père m'a m'emmenée, mieux qu'au bord de l'océan voir le rayon vert au coucher de soleil, au bord de l'univers visible voir l'espace-temps au lever de la terre :

« Mon père est assis dans le Grand Nuage de Magellan. Je me trouve près de lui. Il me sourit, se lève et me conduit sur la lune. Là, il se tient debout à mes côtés et regarde avec insistance l'horizon. Je fais de même. Je ne vois rien. Puis soudain, le vide me devient visible. Il est fait de minuscules perles translucides. De près, elles contiennent des espèces de tourbillons plus ou moins enchevêtrés, un peu comme ces œufs de poissons à l'intérieur desquels se tortille un embryon gélatineux. Elles me font en fait plus penser à des bulles de savon qu'à des perles, parce qu'elles éclatent très rapidement et qu'elles sont irisées de reflets majoritairement bleus, mais aussi jaunes ou rouges. Elles ne cessent aussi de fusionner entre elles ou de se diviser, chaque bulle en donnant deux nouvelles. En un mot, elles paraissent vivantes. Ces petites bulles sont accolées les unes aux autres et remplissent tout l'espace à perte de vue : ça grouille, ça fourmille à l'infini de bulles qui se dédoublent, fusionnent ou éclatent. J'ai le sentiment de voir la vie la plus profonde et la plus intime de l'univers ! Et c'est sublime. J'en suis anéantie. Mon corps aussi est plein de milliards de milliards de ces petites bulles pleines de vie. Et j'ai l'étrange sensation de me sentir profondément liée à cette vie souterraine incroyable. Puis quelque chose se passe qui me sort de mon ravissement. Le vide tout entier s'anime d'une curieuse façon. Car les bulles se rassemblent peu à peu vers un point situé sous l'horizon. Et soudain, la terre émerge et s'élève majestueusement juste devant nous ! Et toutes les bulles à perte de vue se déplacent vers elle comme des vagues qui rejoignent le rivage. Ou plutôt comme les spectateurs qui se décalent d'un siège à l'autre dans les rangées de fauteuils des cinémas. L'agitation est à son comble à proximité et au sein de la terre, car toutes les bulles y sautillent et y disparaissent à un rythme bien plus effréné qu'ailleurs. Elles convergent de très loin et de partout en un immense pèlerinage vers cette terre que je découvre sous un jour terrifiant : c'est une sorte d'ogre qui les aspire et les engloutit dans un vortex géant ! C'est un spectacle ultime ! On aurait dit que « la rose céleste » de Dante ou « la nuit étoilée » de Van Gogh emplissaient le ciel et prenaient vie. C'est comme si j'étais passée par effraction derrière les courbures de l'espace-temps. Je me surprends alors à pleurer d'émotion en disant merci ! merci !… au vide, autrement dit à personne ! Bien que nous soyons loin de la terre, les petits sauts de puce des bulles se rapprochent de nous et finissent par nous atteindre. L'espace disparaît de façon infinitésimale devant nous et je me sens comme irrésistiblement entraînée avec lui. Mon père aussi, à mes côtés. Mais tandis que l'on se rapproche imperceptiblement mais inexorablement de la terre, je le perds peu à peu de vue. Il m'était en effet apparu comme une image pointilliste faite de bulles plus ou moins serrées les unes contre les autres. Mais tous les points plus rapprochés qui formaient son empreinte dans le vide s'écartent peu à peu les uns des autres, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus la distinguer du reste du vide. Et lorsque j'arrive sur la terre, elle s'est complètement évanouie. Je sais que je ne reverrai plus mon père parce qu'il a plongé dans l'océan qui baigne les perles du vide et que sa promesse avait empêché de rejoindre. Mais je ne suis pas triste parce qu'avant de disparaître, il a vu ce qu'il avait cherché toute sa vie. »

Ce rêve m'a profondément marquée. Il était trop présent et trop réel pour que je puisse passer outre sans avoir le sentiment de me renier moi-même. Je n'étais pas sûre de pouvoir le comprendre, mais j'en ai ressenti l'obligation. Il faut dire que depuis qu'une fois, alors que j'étais en Maths Sup, j'ai vu en rêve la solution de la dernière question d'un problème de topologie sur laquelle je butais, j'ai le plus grand respect pour la voix intérieure qui s'y exprime. Le fil rouge pour l'élaboration de mon modèle était donc tout trouvé : décrypter l'une après l'autre chaque partie du rêve. Il me fallait impérativement comprendre tout ce qu'il m'avait montré et surtout ce sentiment d'avoir vu la vie la plus profonde et la plus intime de l'univers. Ceci impliquait naturellement que je lui fasse totalement confiance : je pouvais me tromper, mais pas le rêve. Voilà, amis lecteurs, comment a commencé cette enquête derrière les courbures de l'espace-temps et autres apparences.


Fig. 2: Le rêve




Notes (retourner à la page web précédente pour retrouver le corps du texte)

1 Aujourd'hui, c'est le lycée Lamine Gueye et cet aéroport où mon père travaillait a été déménagé.

2 Phénomène optique éphémère observable face à un horizon lointain au lever ou au coucher du soleil.

3 Dans le sens où elle n'a pas une origine surnaturelle et où les limites inerte-vivant sont assez floues, comme pour les virus, les cristaux, les « structures de Turing », les « réactions oscillantes » de Belousov, ou les molécules de la vie.


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