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Un nouveau paradigme pour l'eau potable et l'assainissement (4) : la réalisation et l'innovation technologique


Résumé général des cinq sections présentant un nouveau paradigme pour l'eau potable et l'assainissement (1-Un modèle non durable qui a atteint ses limites, 2-Les contraintes pour un nouveau modèle, 3-La description du nouveau modèle, 4-La réalisation et l'innovation technologique et 5-Les réalisations et expérimentations collectives récentes dans le monde) :

Les systèmes occidentaux d'alimentation en eau potable et d'assainissement des eaux usées domestiques ne sont pas durables(1). Ils constituent une véritable ineptie sur les plans techniques, énergétiques et écologiques. Ils ont, excepté pour les nappes exploitées presque entièrement pour l'irrigation, des impacts qualitatifs et quantitatifs sur la ressource en eau au moins aussi forts, sinon plus, que l'agriculture intensive. Malgré un avenir de fuite en avant technologique, énergétique et financière, que ce soit au niveau des techniques de traitement que de l'exploitation des eaux salées, ils n'offrent pas de garantie de protection de la ressource en eau ni de sécurité sanitaire. De plus, ils entreraient en dysfonctionnement grave si une grande partie de la population restreignait vraiment sa consommation d'eau. On ne devrait pas les exporter dans les pays pauvres du sud. Il est grand temps de les repenser complètement dans une approche interdisciplinaire et intersectorielle, et à la lumière des connaissances scientifiques les plus pointues sur l'eau et l'environnement.

Tout le modèle occidental repose sur deux piliers : la chasse d'eau et l'eau potable au robinet. Ces inventions du siècle dernier s'avèrent finalement stupides et irresponsables. Ce sont des leurres qui nous ont conduits dans des impasses écologiques et on s'y cramponne encore et toujours, sans jamais remettre en cause leur bien fondé.
Or au moins un nouveau paradigme, un modèle réellement durable existe, et il n'est sans doute pas le seul. Il est basé sur deux principes : traiter la pollution à la source et arrêter de gâcher les eaux souterraines profondes. Il repose sur deux piliers : la toilette sans eau et l'eau hygiénique au robinet. Il est adapté à nos pays et aux pays du sud, même et surtout avec la perspective du changement climatique. Il est entièrement respectueux de la ressource, des équilibres écologiques et de l'homme. Il prend en effet en compte : -les contraintes environnementales, dont la protection des milieux aquatiques et la valorisation agricole et énergétique des boues -les contraintes techniques, dont la réutilisation de l'infrastructure existante en l'état -et les contraintes humaines et financières, dont l'hygiène, la qualité de la vie, les coûts réduits et un accès décent à l'eau et à l'assainissement possible pour tous. Il permet de préserver les ressources profondes ou rares pour les générations futures et de laisser plus d'eau disponible pour le soutien des étiages et pour l'agriculture. Cette dernière doit devenir agroécologique partout avec interdépendance pour la gestion de l'eau et la réutilisation des boues issues des toilettes sans eau. Il redonne enfin à l'eau son rôle originel de lien social profond et devrait contribuer à établir la paix dans le monde, car l'or bleu va être de plus en plus à l'origine de conflits entre les pays.

Il faut se donner les moyens d'explorer ce nouveau paradigme. Cela demande : -de la volonté et de l'indépendance politique -un site expérimental -des entreprises motivées prêtes à s'investir dans l'innovation technologique -et des fonds internationaux.
Et cela demande surtout, selon les mots de Aimé Césaire : "la force d'inventer au lieu de suivre ; la force d'inventer notre route et de la débarrasser des formes toutes faites, des formes pétrifiées qui l'obstruent".

Résumé de cette quatrième section :
Pour généraliser les toilettes sans eau, l’exploitation des lisiers humains, la distribution d'eau hygiénique au robinet, le traitement des eaux grises et la distribution d’eau consommable en bidons, il faut un certain nombre d'innovations ou le plus souvent de simples mises au point technologiques.

Pour mettre en application et tester ces concepts nouveaux pour l'eau potable et l'assainissement du futur, il faut un site avec un forage, une petite agglomération et une zone agricole pour monter une expérience grandeur nature. Les concepts sont globaux, mais il faudra les adapter à chaque cas particulier suivant : -la nature de la ressource de très bonne qualité qui servira à l'eau consommable (nappe profonde, ou par défaut eau douce superficielle ou eau marine après dessalement, etc.), -les spécificités du réseau hydrographique, des sols et des sous-sols, -les types d'agglomération, les besoins agricoles, les infrastructures existantes, etc.

Il faut aussi un certain nombre de mises au point ou d'innovations technologiques. Dans la plupart des cas, il ne s'agit que d'adaptations, voire de simplifications, des techniques existantes. Pour les innovations, qui concernent principalement les toilettes sans eau et les bidons recyclables, toutes les bases techniques sont déjà disponibles.

Si l’on veut préserver durablement la biodiversité, il est urgent de faire travailler notre matière grise sur ces sujets.


Il faut enfin des entreprises motivées pour les innovations et adaptations à mettre en place. Il faut bien entendu une volonté politique forte et dégagée du poids des lobbys conservateurs. Il faut aussi des fonds financiers apportés par les associations de défense de l'environnement et les mécénats d'entreprise par exemple, mais surtout par les grandes organisations internationales(1) puisque ce nouveau paradigme devrait permettre de résoudre les graves problèmes de l'eau dans tous les pays en développement.
Le site qui se prêtera à une telle expérience attirera des "touristes techniques" du monde entier, ce qui permettra aussi de récupérer des fonds financiers.

Adapter les toilettes sans eau à un usage urbain

La toilette sans eau, qui permet de ne pas rejeter les lisiers dans les réseaux d'assainissement, est la clé de voûte pour rendre durables à la fois l'assainissement et l'alimentation en eau potable. Il faut mettre au point des toilettes sans eau performantes, pratiques et adaptées à la vie urbaine. Elles doivent présenter toutes les garanties sanitaires et ergonomiques possibles. On doit en particulier pouvoir installer et récupérer les bidons de lisier facilement et sans contact de l'usager avec ces lisiers. On est capable de marcher sur la lune, n'est-on pas capable de concevoir de telles toilettes sans eau ?
On doit aussi essayer de concilier l'usage de toilettes sans eau et le lavage à l'eau, directement ou avec un bidet, pratiqué par beaucoup d'usagers, en particulier par les musulmans(2).

Trouver la meilleure matière pour les bidons recyclables d'eau et de lisiers

Les bidons pour l'eau potable doivent être recyclables et en matériau inerte non susceptible de relarguer des substances toxiques dans l'eau ou de retenir les microorganismes pathogènes. En verre ou porcelaine par exemple. Ils peuvent aussi se présenter sous la forme de poches souples, etc.
Les bidons ou poches souples destinés à la récupération des lisiers ne doivent pas non plus relarguer de toxiques que l'on pourrait ensuite retrouver dans le compost et in fine dans les sols agricoles.

Créer des centres d'embouteillage et de recyclage des bidons délocalisés

Les nappes souterraines avec de l'eau de très bonne qualité ne se trouvent plus partout, et il est hors de question d'accroitre le transport routier, ce qui aurait un impact environnemental négatif. On ne va pas donc pas, par exemple, embouteiller de l'eau dans le massif central et la distribuer dans tous les coins de France, comme c'est le cas actuellement pour certaines eaux de source ou minérales. Les nappes (ou par défaut les ressources superficielles) de très bonne qualité pour la consommation, ou ne nécessitant que peu de traitements, doivent être répertoriées, classées, hyper-protégées et uniquement réservées à la production d'eau publique consommable en bidons. Pour éviter les transports routiers, il faut créer, à partir de chacun des forages de proximité qui sera retenu pour sa bonne qualité de l'eau, quelques conduites d'alimentation en un matériau de très bonne qualité. Ces conduites rejoindraient les agglomérations desservies par le forage, à raison d'une seule conduite par agglomération, dimensionnée de façon à ce que l'eau n'y stagne pas. En effet, l'eau transportée par ces conduites est uniquement de l'eau consommable, et circule donc à de faibles débits par rapport à ce que l'on pratique pour l'eau potable dans les réseaux actuels. Pour les grandes villes, la conduite amenant l'eau au cœur de la ville pourra être alors poursuivie, selon le même principe, par une conduite pour chaque quartier. Chaque conduite arrivera au cœur de l'agglomération ou du quartier, dans un centre d'embouteillage de proximité. L'embouteillage se fera donc sur place, avec du personnel de proximité. Il en va de même pour les unités de recyclage des bidons d'eau ou de lisier.

Créer le système de transport délocalisé des bidons d'eau et de lisiers

Il faut naturellement coupler la distribution de l'eau potable et le ramassage des bidons de lisiers. Le rapport est d'environ 3 bidons d'eau consommables pour 1 bidon de lisier.
Les bidons d'eau consommables et de lisiers peuvent être livrés et déposés sur les trottoirs, ou à l'intérieur des maisons et appartements, et dans ce dernier cas, portés et ramassés par des personnels de proximité. Pour le transport des bidons, donc une fois par semaine et sur des distances limitées, on peut utiliser des camions qui seraient alimentés par l'énergie produite par les lisiers. Mais on pourrait aussi utiliser des chevaux, même un milieu urbain, car le cheval(3) est l'un des meilleurs transports avec moteur à biocarburant intégré connu à ce jour....

Adapter les stations d'épuration au seul traitement des eaux grises

Les stations d'épuration actuelles traitent les effluents urbains. Il faut traiter les eaux grises. Elles doivent donc être adaptées pour traiter les eaux grises, c'est-à-dire ne traiter plus principalement que les pollutions par les tensioactifs et les phosphates. La charge organique aura été considérablement allégée, et donc la consommation énergétique liée au traitement de cette charge aussi.

Adapter les centres de traitement des boues au traitement et à la valorisation des lisiers

Les lisiers humains sont riches en matière organique, très concentrés et ne contiennent pas de métaux lourds ou autres contaminants provenant du mélange avec les autres effluents collectés dans les réseaux d'égouts. Ils doivent et peuvent être valorisés comme engrais agricole et bioénergie (méthanisation et production d'électricité ou de biocarburant). Ils contiennent cependant des molécules d'origine médicamenteuse et des microorganismes pathogènes qu'il faudra d'éliminer par une technique de production de compost adaptée. Les procédés de compostage et de fabrication d'énergie doivent être mis au point, en s'inspirant des nombreuses connaissances déjà acquises par exemple sur le traitement de lisier de porc très proches du lisier humain ou sur la fabrication de struvite(4), etc.
Si on s’oriente vers des toilettes sans eau sur le modèle des toilettes sèches dans lesquelles on ajoute une litière, il faudra trouver la composition optimale de cette dernière en vue du compostage futur et de l’amélioration des sols agricoles. On pourra s’inspirer des recherches sur la terra preta et concevoir par exemple un mélange de charbon de bois et de terre cuite concassés.

Mettre au point la récupération des eaux météoriques en vue de leur utilisation comme eau hygiénique

Les eaux météoriques peuvent entrer directement comme eau brute au niveau des stations de production d’eau hygiénique. Mais elles peuvent aussi entrer de façon délocalisée dans les industries et chez les particuliers, moyennant un poste de traitement qu’il faudra mettre au point pour la transformer en eau hygiénique.

Adapter les stations de traitement de l'eau potable au traitement de l'eau hygiénique

Les stations de potabilisation actuelles doivent simplement être adaptées pour ne plus éliminer principalement que les pollutions microbiologiques. Donc ne pas éliminer en particulier les nitrates, les pesticides et, sauf cas particuliers, les autres substances toxiques, tous des traitements complémentaires et fuite technologique en avant très coûteux. Elles devront continuer a priori à éliminer la charge organique éventuelle, de façon à faciliter les traitements de désinfection et à éviter l'encrassement du réseau d'alimentation.
Comme les stations d'épuration ne rejetteront plus les microorganismes fécaux humains dans les cours d'eau, cela en fera d'autant moins à traiter dans les eaux prélevées pour la production d'eau hygiénique.

Créer un système de gestion financière équitable de l'eau

Les coûts de l'eau hygiénique comme de l'eau consommable seront très réduits puisque leurs traitements seront eux-mêmes très réduits. Il faut rechercher la meilleure formule pour une gestion financière qui permettra un accès gratuit décent à l'eau et à l'assainissement aux plus démunis. L'eau consommable ainsi qu'un volume minimum d'eau hygiénique pourraient par exemple être gratuits. De même pour le ramassage des bidons de lisier.

Programmer la réhabilitation des réseaux d'eau hygiénique et d'eaux grises

La réhabilitation des réseaux d'eaux grises ou d'eau hygiénique n'est plus vitale puisque ni la ressource ni le consommateur ne seront en danger en cas de fuites et détériorations. L'eau grise ne contient qu'une faible charge organique et ne peut plus contaminer les nappes superficielles avec les pathogènes. L'eau hygiénique n'est pas consommée et ses pertes ne sont pas impactantes puisque c'est de l'eau de surface qui n'a pas subit de traitements coûteux et qui reste en surface, et non plus de l'eau des nappes souterraines souvent profondes et captives qui est perdue en surface. On pourra donc sans dommages étaler dans le temps l'entretien et la réhabilitation de ces réseaux.

Eduquer les consommateurs

Il s’agit d’éduquer les citoyens à la distinction entre eaux hygiénique et eau consommable, et à l'usage des toilettes sans eau.
Pour l'eau potable, il y a déjà beaucoup de personnes qui ne boivent pas l'eau du robinet, et les consommateurs ont déjà montré qu'ils sont tout à fait capables de ne pas consommer l'eau du robinet quand on leur signale un problème. L'eau hygiénique est sans pathogènes, et en tous les cas, n'en contient pas plus que l'eau potable actuelle, c'est d'ailleurs la même eau que l'ancienne eau potable dans les endroits où l'eau n'était pas trop chargée en pesticides ou en nitrates. Ce n'est donc pas grave si on la consomme occasionnellement. Il y a sans doute moins de pesticides dans un verre d'eau de rivière que dans un verre de vin ou une tranche d'ananas, et moins de PCB, de mercure ou de cadmium que dans un poisson. Par contre quel plaisir d'avoir de l'eau consommable de qualité et qui ne présente pas les inconvénients de l’eau du robinet (risque de présence nitrates, de résidus chlorés, plomb, solvants, pesticides et autres micropolluants, etc.) ni de l’eau en bouteille (risque de présence de Bisphénol A, phtalates, sulfates, fluor, etc., et prix élevé) !
Pour l'assainissement, il va falloir apprendre de nouveaux gestes et, au niveau psychologique, arrêter de diaboliser les urines et matières fécales humaines. L'usage des toilettes sans eau ne devrait pas demander plus d'efforts que de tirer une chasse d'eau après avoir jeté du papier dans la cuvette.
Sauf si l’on s'orientait vers des toilettes à chasse d'eau sous vide, il faudra verser manuellement, ou en actionnant une chasse à particules solides, une petite quantité d'un matériau naturel ressemblant à de la sciure de bois pour absorber les odeurs et préparer le futur traitement du lisier. Et il faudra aussi mettre les papiers hygiéniques dans une poubelle dédiée et non plus dans la cuvette des toilettes.
Il faudra logiquement commencer, de façon à former les jeunes, par équiper les écoles maternelles, primaires et secondaires, ainsi que les universités.



Notes

  1. Unido, Fao, Unesco, etc.
  2. Par exemple sur ce prototype
  3. "Selon des chiffres présentés en octobre 2007 lors du 5e congrès des chevaux territoriaux à Trouville-sur-Mer (Calvados), 70 villes françaises, de toutes tailles, font appel au cheval pour des tâches allant de la collecte de déchets à l'arrosage des espaces verts en passant par des travaux de voirie, de sécurité publique ou de transport de personnes. L'utilisation des chevaux territoriaux ne cesse d'augmenter puisqu'en 2001, seule une quinzaine de communes employait cet animal"
  4. Voir par exemple le document "Ces programmes de recherche pour pauvres..."




Création : 27 août 2008
Dernière actualisation : 14 mars 2009

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