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Aperçu de la pression sur la ressource en eau (1) : Micropolluants chimiques


Un essai d’évaluation des quantités de substances de synthèse et de métaux déversés sous la forme d’apports diffus ou de rejets ponctuels dans les milieux naturels et de leur impact potentiel sur l’eau.


Eau-Evolution s’intéresse ici à la pression exercée par les micropolluants chimiques, toutes origines confondues, sur le milieu naturel récepteur.
Les différentes données publiques recueillies ne permettent pas d’avoir un historique assez ancien et elles ne sont malheureusement souvent ni adaptées, ni précises ni exhaustives. C’est pourquoi l’objectif de Eau-Evolution est très modeste : pouvoir se faire une idée, même approximative, de la pression chimique diffuse ou ponctuelle sur la ressource en eau et de la qualité des données dans ce domaine.
Quelques ordres de grandeur et quelques calculs "au coin du zinc" permettent de comparer les pressions exercées par les pesticides et par les rejets industriels sur les cours d’eau.

METHODE

Les données de production de substances chimiques en Europe

Elles ont été téléchargées sur le Portail environnement de Eurostat :
"The indicator is compiled for 168 toxic chemicals… This indicator presents the trend in aggregated production volumes of toxic chemicals, broken down into five toxicity classes. The toxicity classes, beginning with the most dangerous, are : Carcinogenic, mutagenic and reprotoxic (CMR-chemicals) ; Chronic toxic chemicals ; Very toxic chemicals ; Toxic chemicals ; Harmful chemicals".

Les données sur les rejets ponctuels de substances chimiques en France

Elles ont été téléchargées en août 2009 sur le site IREP (Répertoire du Registre français des émissions polluantes) et couvrent la France entière.
Ces données concernent les installations classées (établissements industriels et élevages) soumises à autorisation préfectorale et ayant des émissions au-dessus des seuils de l’arrêté du 31 janvier 2008. Les stations d’épuration publiques qui sont dans le champ de la nomenclature des installations classées, par exemple qui ne traitent pas uniquement des eaux résiduaires urbaines, font partie du registre IREP.

Les données sur les quantités de pesticides en France

Elles ont été relevées en août 2009 sur les sites : ORP (Observatoire des Résidus de Pesticides) de 1990 à 2000, et INFO PESTICIDES.org de 2001 à 2008.
Ces données concernent la France métropole.

Les autres données

Elles concernent la France métropole, de façon à pouvoir être croisées avec les données sur les quantités de pesticides précédentes. Elles ont été relevées sur les sites :

RESULTATS

Un aperçu général avec les données de production de substances chimiques toxiques dans l’Europe des 15. Puis un zoom sur les données de pression disponibles pour les secteurs industriel et agricole (pollution diffuse) en France.

La production de substances chimiques toxiques en Europe

Les données publiques de production de substances toxiques en Europe permettent d’avoir une idée malheureusement très approximative de la pression chimique et de son évolution en Europe car, sauf erreur, on ne dispose pas des données sur les quantités utilisées.
De plus, ces données ne sont pas forcément exhaustives, très agrégées, sans que l’on ait le détail des quantités par substance ni par pays. Le système d’agrégation des substances par niveau de toxicité est cependant assez parlant.

La production annuelle


Ces chiffres sont impressionnants par leur stabilité, par leur niveau et par le potentiel létal qu’ils représentent pour la vie et la biodiversité.
Ainsi en 2007, la production était, en moyenne pour chaque pays, de :
  • 2200000 tonnes de cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques
  • 533000 tonnes de toxiques chroniques
  • 2267000 tonnes de substances très toxiques
  • 4333000 tonnes de substances toxiques
  • 2933000 tonnes de substances dangereuses
  • 8933000 tonnes de substances chimiques non classées comme toxiques
Il faut espérer que les ouvriers qui les manipulent en Europe ou dans le monde sont suffisamment informés et protégés.

Le cumul depuis 1996


Beaucoup de ces substances, si elles se retrouvent dans les milieux naturels, seront persistantes sous la forme de la molécule mère ou d’un ou plusieurs de ses métabolites. C’est pourquoi la pression chimique se mesure aussi en terme de cumuls sur plusieurs années.
Une fois que ces substances ont fini leur cycle de vie incorporées dans les produits et objets que nous utilisons tous les jours, quel est le risque de les retrouver dans les cours d’eau, les nappes souterraines, les eaux marines, l’air, les sols et bioaccumulées dans les graisses des êtres vivants, en Europe ou ailleurs ?

Les rejets ponctuels industriels de substances chimiques toxiques en France

Comme précisé sur le site de l’IREP, les données ne sont pas exhaustives, ni au niveau des substances, ni au niveau des établissements industriels pris en compte :
"Ce registre est constitué des données déclarées chaque année par les exploitants (site de télé-déclaration http://www.declarationpollution.ecologie.gouv.fr). L’obligation de déclaration par les exploitants des installations industrielles et des élevages est fixée (polluants concernés et seuils de déclaration) par l’arrêté du 24 décembre 2002 puis par l'arrêté du 31 janvier 2008 relatifs à la déclaration annuelle des émissions polluantes des installations classées soumises à autorisation (JO du 07 mars 2003).
Pour de nombreuses raisons, un tel registre ne peut être exhaustif. Les installations concernées sont les installations classées soumises à autorisation préfectorale, et plus particulièrement les installations relevant de la directive IPPC (directive 96/61/CE relative à la prévention et à la réduction intégrées de la pollution). Le registre vise cent polluants pour les émissions dans l’eau, cinquante pour les émissions dans l’air (notamment des substances toxiques et cancérigènes) et 400 catégories de déchets dangereux
".
Compte tenu des enjeux, on aimerait connaitre les "nombreuses raisons" pour lesquelles "un tel registre ne peut être exhaustif".

Les rejets industriels émis après traitement ou pré-traitement au sein de l’établissement vont soit dans le milieu naturel (rejets directs), soit dans une station d’épuration collective (rejets indirects) pour les établissements industriels raccordés.

Eau-Evolution ne s’intéresse ici qu’au sous-ensemble de données qui concernent les micropolluants, et les a classées en substances chimiques de synthèse (pesticides, HAP et autres substances organiques) ou en métaux (au sens large). Les rejets ont été sommés par substance ou groupe de substances, par année et par type de rejet, direct ou indirect.

La qualité des données ne permet pas de comparer les chiffres d’une année sur l’autre ni d’effectuer des cumuls : les résultats ci-dessous ne valent donc que pour se faire une idée de l’ordre de grandeur de ces rejets.

Le nombre d’établissements pris en compte

Le tableau ci-dessous présente la progression annuelle du nombre d’établissements pour lesquels on a des déclarations disponibles, c’est-à-dire avec au moins un rejet déclaré dans l’eau, direct ou indirect :

__Année____Tous macro et micropolluants____HAP____Pesticides____Autres synthétiques____Métaux__
20031138717137317
20041080727183374
200511841527178398
200611691334166391
2007200678662881355

Ce nombre progresse fortement en 2007, particulièrement pour les métaux qui sont les rejets de micropolluants qui concernent le plus d’établissements.

Les rejets annuels

Tonnages annuels de métaux


La quantité de métaux rejetée déclarée, tous métaux confondus, est d’environ 100000 t/an. La qualité des données ne permet pas de présenter les cumuls sur plusieurs années. Ces cumuls seraient pourtant particulièrement pertinents pour évaluer correctement la pression des métaux sur les cours d’eau et les mers.

Tonnages annuels de substances synthétiques


La quantité de substances de synthèse rejetée déclarée, toutes substances confondues, est d’environ 1000 t/an. Là aussi, la qualité des données ne permet pas de présenter les cumuls sur plusieurs années.

Proportions entre rejets directs et indirects


On constate que la grande majorité des quantités de métaux rejetée se fait par voie directe.
Pour les substances synthétiques, la proportion des rejets directs est d’environ 80 % des quantités rejetées.

Les rejets maximaux par substance et par établissement entre 2003 et 2007

Ci-dessous, le détail des 69 substances (micropolluants) ou groupes de substances pour lesquelles un rejet a été déclaré entre 2003 et 2007, avec le rejet maximum annuel de la substance pour un même établissement sur cette période (la plupart de ces rejets sont directs, dans le cas contraire cela est précisé au cas par cas) :
  • HAP : Anthracène 44 kg/an, Benzo[a]pyrène (benzo[d-e-f]chrysène) 10,3 kg/an, Fluoranthène 2 100 kg/an (raccordé), Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) 3 690 kg/an
  • Pesticides : 1-2-dibromoéthane (dibromure d'éthylène) 4 kg/an, Alachlore 0,14 kg/an, Aldéhyde formique (formaldéhyde) 49 000 kg/an, Atrazine 2,4 kg/an, Chlorfenvinphos 0,00025 kg/an (raccordé), Chlorpyriphos 0,5 kg/an, Diuron 18 kg/an, Endosulfan 0,6 kg/an, Epichlorhydrine (1-chloro-2-3-époxypropane) 1 110 kg/an, Hexachlorobenzène (HCB) 9,9 kg/an, Hexachlorocyclohexane (HCH) 174 kg/an, Isoproturon 19 kg/an, Naphthalène 960 kg/an, Pentachlorobenzène 0,004 kg/an, Pentachlorophénol (PCP) 10,4 kg/an, Simazine 2,4 kg/an, Trifluraline 0,0013 kg/an (raccordé)
  • Autres substances synthétiques : 1-2-dichloroéthane (DCE-chlorure d'éthylène) 2 270 kg/an (raccordé), 1-4-dioxane 10 000 kg/an, 3-3'-dichlorobenzidine 28 kg/an, Acrylonitrile 3 600 kg/an, Aniline 5 430 kg/an, Benzène 6 200 kg/an, Benzène-toluène-éthylbenzène-xylènes (BTEX) 20 000 kg/an, Chloroalcanes (C10-13) 1,6 kg/an, Chloroforme (trichlorométhane) 7 200 kg/an, Chlorure de vinyle (chloroéthylène-monochlorure de vinyle-CVM)) 1 000 kg/an, Composés organohalogénés (AOX) 99 000 kg/an, Crésol (mélange d'isomères) 50 kg/an, Di(2-éthylhexyle)phtalate (DEHP) 833 kg/an, Dichlorométhane (DCM-chlorure de méthylène) 23 200 kg/an, Dioxines et furanes (PCDD + PCDF) (exprimés en iTeq) 0,0005 kg/an, Diphénylethers bromés 0,022 kg/an (raccordé), Hexachlorobutadiène (HCBD) 38 kg/an, Hydrazine 4 500 kg/an, Hydrocarbures (C total) 550 000 kg/an, Nonylphénols 15 000 kg/an (raccordé), Octylphénols 0,5 kg/an, Oxyde de propylène (1-2 époxypropane) 2 100 kg/an, Oxyde d'éthylène (oxiranne) 3 100 kg/an, Phénols (Ctotal) 74 900 kg/an (raccordé), Sulfate de diméthyle 12 000 kg/an, Sulfure de carbone 27 900 kg/an, Tétrachloroéthylène (PER-perchloroéthylène) 2 700 kg/an, Tétrachlorure de carbone (TCM-tétrachlorométhane) 250 kg/an, Tributylétain et composés 11 kg/an, Trichlorobenzènes (TCB) 1 800 kg/an, Trichloroéthylène (TRI) 73 000 kg/an
  • Métaux : Aluminium et ses composés (Al) 24 000 000 kg/an, Antimoine et ses composés (Sb) 310 kg/an, Arsenic et ses composés (As) 2 400 kg/an, Béryllium (glucinium) 0,1 kg/an, Cadmium et ses composés (Cd) 430 kg/an, Chrome et ses composés (Cr) 590 000 kg/an, Chrome hexavalent et ses composés 9 800 kg/an, Cobalt et ses composés (Co) 4 400 kg/an, Cuivre et ses composés (Cu) 13 000 000 kg/an, Etain et ses composés (Sn) 6 930 kg/an, Fer et ses composés (Fe) 98 000 000 kg/an, Manganèse et ses composés (Mn) 180 000 kg/an (raccordé), Mercure et ses composés (Hg) 308 kg/an, Nickel et ses composés (Ni) 28 000 000 kg/an, Plomb et ses composés (Pb) 21 000 kg/an, Titane et ses composés (Ti) 17 400 000 kg/an, Zinc et ses composés (Zn) 1 200 000 kg/an
Comment de tels niveaux de rejets de matière première par établissement, même s’ils respectent les valeurs limites d’émission (pH, température, débits, concentrations, flux), peuvent-ils être encore autorisés après 2000 ? La question se pose particulièrement pour certaines substances synthétiques persistantes et pour les métaux qui vont se fixer sur les MES et les sédiments et s’accumuler dans les mers au rythme des crues annuelles.

La composition des rejets détaillée par substance en 2007

En 2007, les rejets ponctuels totaux étaient de 100817 tonnes de métaux (dont 457 tonnes raccordés) et de 955 tonnes de substances synthétiques (dont 200 tonnes raccordés).

Les rejets raccordés de métaux (0,4%) se retrouvent sans doute en grande partie dans les boues des stations d’épuration collectives. Ce n’est pas forcément le cas pour les substances synthétiques raccordées (21%) qui ne sont en outre que peu dégradées lors de leur passage dans des stations d’épuration collectives non équipées pour les éliminer spécifiquement, et qui se retrouvent a priori donc en grande partie dans les cours d’eau (La part de contamination toxique des boues des stations d’épuration collectives due aux rejets des établissements industriels classés est estimée pour 2004 dans Aperçu de la pression sur la ressource en eau (2) : Qualité générale).

Ci-dessous donc le détail des 57 substances (micropolluants) ou groupes de substances pour lesquelles un rejet a été déclaré en 2007, avec le rejet total (direct + raccordé) correspondant :
  • HAP : Anthracène 1,8 kg, Benzo[a]pyrène (benzo[d-e-f]chrysène) 19,6 kg, Fluoranthène 40,6 kg, Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) 66,2 kg
  • Pesticides : Alachlore 0,2 kg, Aldéhyde formique (formaldéhyde) 3 160 kg, Atrazine 0,9 kg, Chlorfenvinphos 0,0004 kg, Chlorpyriphos 0,7 kg, Diuron 26,3 kg, Endosulfan 0,6 kg, Hexachlorobenzène (HCB) 2,2 kg, Hexachlorocyclohexane (HCH) 195,7 kg, Isoproturon 7,3 kg, Naphthalène 735,9 kg, Pentachlorobenzène 0,004 kg, Pentachlorophénol (PCP) 0,1 kg, Simazine 2,5 kg, Trifluraline 0,003 kg
  • Autres substances synthétiques : 1-2-dichloroéthane (DCE-chlorure d'éthylène) 3 783,3 kg, Aniline 7 840 kg, Benzène 7 971,5 kg, Benzène-toluène-éthylbenzène-xylènes (BTEX) 15 915 kg, Chloroforme (trichlorométhane) 3 955,2 kg, Chlorure de vinyle (chloroéthylène-monochlorure de vinyle-CVM)) 672 kg, Composés organohalogénés (AOX) 491 430 kg, Di(2-éthylhexyle)phtalate (DEHP) 1 049,4 kg, Dichlorométhane (DCM-chlorure de méthylène) 73 127,7 kg, Dioxines et furanes (PCDD + PCDF) (exprimés en iTeq) 0,001 kg, Diphénylethers bromés 0,04 kg, Hexachlorobutadiène (HCBD) 41,9 kg, Hydrazine 172 kg, Hydrocarbures (C total) 218 600 kg, Nonylphénols 56,9 kg, Octylphénols 0,6 kg, Oxyde d'éthylène (oxiranne) 40 kg, Phénols (Ctotal) 120 707,2 kg, Tétrachloroéthylène (PER-perchloroéthylène) 2 831,9 kg, Tétrachlorure de carbone (TCM-tétrachlorométhane) 204,3 kg, Tributylétain et composés 0,1 kg, Trichlorobenzènes (TCB) 1 586,3 kg, Trichloroéthylène (TRI) 1 289,1 kg
  • Métaux : Aluminium et ses composés (Al) 19 584 240 kg, Arsenic et ses composés (As) 3 230 kg, Cadmium et ses composés (Cd) 1 602 kg, Chrome et ses composés (Cr) 479 137 kg, Chrome hexavalent et ses composés 515 kg, Cobalt et ses composés (Co) 1 242 kg, Cuivre et ses composés (Cu) 58 853 kg, Etain et ses composés (Sn) 6 653 kg, Fer et ses composés (Fe) 79 834 280 kg, Manganèse et ses composés (Mn) 291 158 kg, Mercure et ses composés (Hg) 707 kg, Nickel et ses composés (Ni) 32 895 kg, Plomb et ses composés (Pb) 15 620 kg, Titane et ses composés (Ti) 247 352 kg, Zinc et ses composés (Zn) 259 869 kg
Si on enlève le Fer (79,8 milliers de tonnes), encore que les rejets paraissent très élevés pour ne pas avoir d’impact, tous les autres métaux sont potentiellement toxiques ou très toxiques.
Notons en particulier, les rejets de 19,6 milliers de tonnes d’Aluminium, et de 1,1 milliers de tonnes partagés entre, dans l’ordre décroissant des quantités, Chrome, Zinc, Titane, Cuivre, nickel, Plomb, Etain, Arsenic, Cadmium, Cobalt et Mercure.
Quant aux substances synthétiques, elles sont toutes potentiellement toxiques ou très toxiques. On peut s’étonner qu’il y ait, en 2007, des rejets de Simazine ou d’Atrazine.
Gardons aussi en mémoire que toutes ces quantités sont sous-estimées par rapport à la réalité.

La qualité des données

Les noms des substances sont peu précis et certaines sont plus ou moins agrégées, si bien qu’elles ne sont pas facilement accessibles. Eau-Evolution a conservé pratiquement telle quelle la nomenclature des substances ou groupes de substances trouvée dans les données.

On ne connait pas l’ampleur de la sous-évaluation des quantités rejetées réellement dans les eaux :
  • Combien d’établissements ne sont pas pris en compte parce qu’en-dessous du seuil de déclaration ? Et surtout quelles quantités par substance cela représente ?
  • Combien de déclarations manquantes parmi les établissements au-dessus des seuils de déclaration ? Et surtout quelles quantités par substance cela représente ?
  • Toutes les substances ne sont pas prises en compte : seulement 100 polluants. Le Bisphénol A par exemple, que l’on trouve dans l’eau des cours d’eau, ne fait pas partie des substances recensées depuis 2003. Quelles quantités d’autres substances cela représente ?

Certains champs, pourtant essentiels pour la protection de l’environnement, comme le nom du milieu récepteur du rejet sont très peu ou très mal renseignés (il n’y a pas de codes hydrologiques non plus) :
Sur 3092 identifiants de rejets, seuls 395 ont un champ "nommilieu" renseigné. Pour ce champ, au lieu d’avoir au moins le nom de la masse d’eau douce ou côtière dans laquelle s’effectue le rejet, on a des renseignements peu explicites et parfois confus, voire loufoques, avec même des contradictions apparentes avec le "libellerejet" sensé préciser si le rejet est direct ou raccordé.
Ces données sur le nom du milieu récepteur sont inexploitables, par leur absence comme par leur présence, mais elles sont amusantes. Cette dernière particularité est rarement le cas pour les données sur l’eau et mérite donc quelques illustrations :
On trouve par exemple des rejets directs dans "Unitaire urbain" ou dans "DEGREMONT" ; Et des rejets indirects dans "CGE" ou dans "Milieu naturel".
La précision des renseignements peut surprendre : "E" ou "Milieu naturel" ou "Mer" ou "Méditerranée" ou "Océan indien" ; Avec parfois une note bucolique, comme pour ces deux rejets indirects, l’un dans "Une combe puis La loue et l'Audeux", l’autre dans "Milieu Naturel contre fossé du canal de St Quentin".
Sur les 395 "nommilieu" renseignés, on arrive à en repérer une quarantaine qui pourraient avoir lieu en mer, ce qui ferait de 90% à 99% des rejets en cours d’eau, selon que l’on considère l’échantillon donc le milieu de rejet est renseigné ou l’échantillon total des rejets.

Il semblerait donc que les données publiques sur les rejets industriels ne reflètent pas le niveau technique de l’industrie française. On peut aussi se demander comment, comme précisé sur le site de l’IREP : "Ces données sont notamment utilisées par l’administration dans les diverses actions de réduction des pollutions qui sont engagées par l’inspection des installations classées".

La pollution diffuse par les pesticides agricoles en France

Un indicateur indirect de la pression par les pesticides est la proportion de la SAU (surface agricole utilisée) dédiée à l’agriculture biologique : les superficies existantes et en cours de conversion en 2007 ne représentent que 2% de la SAU totale (voir Aperçu de la pression sur la ressource en eau (2) : Qualité générale).

On dispose de données publiques qui décrivent les quantités de pesticides commercialisées chaque année en France métropole.
Ces quantités sont destinées aux usages agricoles et représentent sans doute environ 90% de l'ensemble des quantités commercialisées. Elles sont exprimées en quantités de matières actives, donc compte non tenu des supports, solvants, diluants et adjuvants (poudres minérales, alcools, huiles, etc.).

Les quantités commercialisées ne sont pas forcément les quantités utilisées la même année. Il peut y avoir des écarts significatifs selon les années. Notamment pour les stockages réalisés en anticipation de la TGAP (Taxe Générale sur les Activités Polluantes) appliquée à partir du 1 janvier 2000.

Les données publiques disponibles actuellement ne permettent pas de chiffrer la pression réelle, ni par substance, ni par bassin versant de rivière, ni par bassin versant hydrogéologique. Ce sont néanmoins les données chimiques pour lesquelles l’historique dont on dispose est le moins squelettique et le moins inexploitable.

Graphique des ventes annuelles


Les quantités de cuivre et de soufre ont baissé ces dernières années et sont d’environ 20000 t/an, cuivre et soufre confondus.
Les quantités récentes de substances synthétiques sont d’environ 60000 t/an depuis 2000, et sont équivalentes à celles des années 1992 à 1995. Les quantités élevées des années juste avant 2000, et au moins pour 1999, sont vraisemblablement à mettre sur le compte d’un stockage pour anticiper de la mise en application de la TGAP.
Parmi les pesticides de synthèse, dans l’ordre décroissant des quantités vendues, on trouve les herbicides, les fongicides, puis les insecticides et les autres substances (nématicides, molluscicides, corvicides, etc).

Graphique des ventes cumulées

Si on s’intéresse à l’impact potentiel des pesticides sur la ressource en eau, on ne peut pas se contenter de chiffrer les apports annuels. Il faut absolument prendre aussi en compte dans la pression le cumul de ces substances, soit parce qu’elles ont entrainé une disparition ou une adaptation des communautés vivantes, soit parce qu’elles sont persistantes :
Les pesticides de synthèse, comme tous les autres micropolluants, ne disparaissent généralement pas d’une année sur l’autre des milieux naturels (eau, sol et air). On trouve encore par exemple, dans les eaux, les particules des milieux aquatiques ou les sols, de l’Atrazine (interdite en 2003), du Lindane (interdit en 1998), du Chlordécone (interdit en 1990/93) ou même du DDT (interdit en 1973), etc.
Ce caractère persistant concerne aussi leurs nombreux produits de dégradation et métabolites que l’on ne connait souvent même pas.


Ce graphique permet de voir le cumul sur le nombre d’années que l’on souhaite.
Le cumul depuis 1990 des quantités commercialisées de pesticides de synthèse est de 1255300 tonnes.


Potentiel de contamination

Que représentent les chiffres ci-dessus au niveau des pressions potentielle ou réelle sur la ressource en eau ? C’est ce que l’on va essayer de voir, sur les exemples de la ressource en eau renouvelable et du stock des eaux souterraines.

Le flux annuel des eaux renouvelables correspond au bilan des apports pluviométriques nets (pluie moins évapotranspiration) corrigé par le bilan des flux entrants et sortant par les rivières. Ce volume qui se renouvelle chaque année représente le potentiel maximal de ressource en eau et ne peut, sauf à causer des préjudices quantitatifs, être exploité qu’en faible partie. Il est de 186293 millions m3/an.
Le stock des eaux souterraines de la France est d’environ 2000 milliards de m3, soit 10 fois supérieur.
Mais ce stock ne peut largement pas être exploité dans son intégralité : la part exploitable dépend du niveau auquel les nappes peuvent être rabattues sans causer de préjudices quantitatifs significatifs et de leur capacité à se renouveler. Cette part peut être très faible.

Pour calculer le potentiel de contamination annuel, on a supposé que toutes les quantités épandues partaient dans l’eau et que ni les molécules mères, ni leurs métabolites ne se dégradaient totalement, c’est-à-dire jusqu’à élimination complète sous forme de composés inorganiques.



Dans ces conditions, la quantité de pesticides de synthèse déversée chaque année dans la nature pourrait rendre toute la ressource en eau renouvelable non potable, et avec un dépassement de 644 fois la norme eau potable pour la somme des pesticides (0,5 µg/L).
Ou encore pourrait rendre tout le stock des eaux souterraines non potable, et avec un dépassement de 60 fois la norme eau potable pour la somme des pesticides (0,5 µg/L).


Si l’on s’en réfère aux concentrations trouvées dans les eaux (voir par exemple les articles Eau-Evolution sur le sujet), le potentiel de contamination des eaux s’actualise pour environ 0,5 % en contamination réelle des eaux superficielles ou souterraines.
Le document du Cemagref Sur la trace des pesticides précise de même : "En général, moins de 1 % des produits phytosanitaires épandus passent dans les écoulements d’une parcelle agricole, annoncent de concert Paul Bordenave à Rennes et Véronique Gouy à Lyon. À l’échelle du bassin versant, ce qui est retrouvé dans le cours d'eau ne dépasse pas 0,5 % des quantités appliquées. Souvent, c’est même 0,1 % des pesticides qui passe dans la rivière. Mais cela est bien suffisant pour contaminer les milieux aquatiques".
Mais où passent donc les 99,5 % des pesticides de synthèse épandus ?
En dehors de la part très variable qui part directement dans les eaux, l’atmosphère, ou est exportée avec les végétaux cultivés, tout le reste se retrouve finalement dans les sols, à des profondeurs plus ou moins importantes.
Une fois dans les sols, et jusqu’à ce qu’ils quittent ce compartiment complètements dégradés ou pour passer dans les eaux souterraines, les pesticides entrent dans des processus de rétention/dégradation dont la durée est très variable selon les molécules, les sols et les conditions climatiques.
Selon le document de la Fao, Évaluation de la contamination des sols, Manuel de référence : "En règle générale, la dégradation d'un composé est considérée comme terminée après une période égale à cinq fois la demi-vie de ce produit."
Si la demi-vie dans le sol (DT50) d’un pesticide est d’environ 6 mois, ce qui est à la louche l’ordre de grandeur pour les substances récentes, il faut donc attendre environ trois ans pour qu’il disparaisse complètement, mais attention, en tant que molécule mère seulement. Car la DT50 des produits de dégradation peut être beaucoup plus élevée. C’est par exemple le cas de l’Aldrine dont la DT50 est de 20 à 100 jours : elle se dégrade principalement en Dieldrine dont la DT50 passe à plus de 7 ans (même document).
Les substances qui ont traversé les horizons superficiels des sols ou qui sont déjà arrivées dans les eaux souterraines se retrouvent dans des environnements anoxiques et ne peuvent pratiquement plus se dégrader par la voix biologique. Leurs temps de séjour s’allongent alors de façon importante, jusqu’à atteindre plusieurs décennies.

Seule une dégradation complète des molécules mères et de leurs métabolites constitue une élimination réelle des milieux naturels. Il séjourne donc en permanence dans les sols une espèce de ratatouille chimique de pesticides (molécules mères et métabolites) accumulés et transformés sur une durée réelle inconnue, sans compter les métaux lourds, hydrocarbures, etc.
Le problème, c’est que l’on est incapable de chiffrer cette ratatouille et encore moins sa biodisponibilité !
Car il n’y a pas de banque de données sur la teneur en pesticides des sols agricoles.
Cela signifie que l’on a autorisé une pollution généralisée des milieux naturels par des biocides dont on ne connaissait pas le comportement réel et pire, sans mettre immédiatement en place de banque de données sur la contamination des sols agricoles. Et que dire du sérieux de ces décisions qui fixent (au pilfastron ?) des objectifs de réduction peut être dramatiquement insuffisants puisqu’il manque l’essentiel des données de risque !
On ne peut rester indifférent à ces quelques remarques de l’Inra dans Pesticides, agriculture et environnement : rapport d'expertise :
"Il n'existe pas de dispositif équivalent à ceux relatifs à l’eau et à l’air pour la caractérisation de la contamination des sols par les pesticides, que ce soit en France ou dans les autres pays d'Europe.
La pollution chronique par les substances minérales (cuivre) et l'existence, pour certaines substances, de résidus non extractibles pose la question du risque environnemental à long terme, notamment dans le cas d'une réallocation des terres agricoles à d'autres usages.
Un état des lieux sur la charge en pesticides des sols agricoles permettrait sans doute :
- de savoir à quelle échelle de temps un sol agricole peut être reconverti en autre chose qu'une terre cultivée
- de faciliter la mise en place de l'approche comparative évoquée dans le Plan interministériel sur les phytosanitaires
- de faciliter les débats sur les indicateurs qu'il convient de développer (indicateurs de qualité versus indicateurs écologique)
- d’évaluer l'accumulation de substances qui à terme peuvent être transférées à d'autres milieux ou avoir des impacts sur différents compartiments biologiques, voire sur la santé humaine
."

Les chiffres présentés dans les graphiques ci-dessus donnent une idée du stock énorme de pesticides (molécules mères et métabolites) potentiellement retenus dans les sols, même si on calcule ce stock sur une durée hypothétique de seulement 5 ans.
Non seulement on ne connait pas ce stock, mais nul ne connait l’impact du changement climatique (températures et conditions hydrologiques) sur la biodisponibilité des substances toxiques, sur la capacité des microorganismes du sol à s’adapter et à dégrader les cocktails toxiques (Pesticides, HAP, métaux lourds, radioéléments, etc.) et sur les quantités transférées dans les eaux souterraines.
Par ailleurs, compte tenu des doses cumulées appliquées, on n’est pas à l’abri de phénomènes de saturation, et ce d’autant plus que la matière organique présente dans les sols agricoles diminue.

Quelle que soit la quantité de pesticides qui reste en permanence présente dans les sols et les eaux, une grande partie des quantités déversées depuis des décennies (1255300 t depuis 1990) a déjà été, au moins en partie, dégradée par des processus physiques mais surtout biologiques. Et cela implique des impacts certains, peut être irréversibles, sur les communautés vivantes des sols et des eaux superficielles, qu’elles aient disparu ou qu’elles aient évolué pour s’adapter spécifiquement à telle ou telle molécule.

La contamination des sols agricoles (220 mg/m2 de matières actives synthétiques chaque année, 4,6 g/m2 pour le cumul de 1990 à 2008) constitue donc une véritable bombe à retardement pour la contamination des eaux souterraines et pour l’avenir de ces sols. L’Inra signale d’ailleurs dans Pesticides, agriculture et environnement : rapport d'expertise : "La contamination des sols par différentes substances, dont les pesticides, a été reconnue comme l'une des principales menaces qui pèsent sur les sols européens."
Outre de ne plus disposer d’eau potable sans coûts de traitement prohibitifs, nos descendants risquent de ne plus disposer que de sols agricoles stérilisés qu’ils pourront à juste titre appeler non pas Terra preta, mais Terra égoista !

Le prix à payer pour nous permettre notre mode de vie moderne

Quelques chiffres à la louche et très globaux, uniquement pour avoir des ordres de grandeur.

On a vu ci-dessus que la nature payait le prix fort, avec des impacts peut être parfois irréversibles sur les sols, l’air, l’eau et la biodiversité. Qu’un cocktail de ces substances perturbe la reproduction ou simplement le fonctionnement hyper sophistiqué et délicat du battement des cils des unicellulaires aquatiques, et ce sont beaucoup d’espèces qui disparaissent avec des perturbations potentielles sur l’ensemble de la chaîne alimentaire (voir Les êtres vivants microscopiques de l’eau (1) et (2)).

Pour les "60 millions de consommateurs", le calcul est vite fait : 60 millions de kg de pesticides de synthèse par an (matières actives), cela représente 1 kg déversé dans le milieu naturel par citoyen et par an ! En réalité, ½ million d’exploitants agricoles se chargent pour nous d’en déverser 120 kg par exploitation chaque année.
Ils le payent d’ailleurs, et sans doute plus que le reste de la population, sur le plan de la santé. Quelques extraits du document Agriculteurs et cancer le risque des pesticides :
"Le pouvoir cancérigène de ces pesticides est mal identifié. Les effets sur la santé sont bien connus pour les intoxications aiguës, mais mal connus pour les expositions modérées ou prolongées. Trois effets potentiels ont déjà été identifiés par des études épidémiologiques : cancers, troubles neurologiques chroniques et troubles de la reproduction."
"Les agriculteurs semblent plus touchés par certains cancers…: hémopathies malignes (leucémies, lymphomes malins, myélomes…), cancers cutanés, sarcomes des tissus mous, cancers de la prostate, cancers gastriques et cancers cérébraux."
Résultats de l’étude Céréphy : "La population étudiée concernait la Gironde, une région agricole utilisant de grandes quantités de pesticides : 221 personnes de 16 ans et plus atteintes de tumeurs cérébrales ; 442 témoins indemnes de tumeur cérébrale, tirés au sort en Gironde. Selon les résultats déjà obtenus, les sujets les plus exposés professionnellement aux pesticides ont 2,6 fois plus de risque d'être atteint de tumeur cérébrale (parmi les tumeurs cérébrales, le risque de développer un gliome est multiplié par 3,2). Par ailleurs, les sujets déclarant traiter régulièrement les plantes d'intérieur ont un risque 2,6 fois plus élevé : des analyses complémentaires sont en cours pour expliciter ces résultats".

Le prix à payer se chiffre aussi sur les prix d’achat, pour les exploitants et indirectement pour nous qui achetons leur production : chaque exploitation agricole, si on se base sur le CA des ventes 2008 (2079 Millions €), dépense environ 4000 €/an pour ses pesticides (pesticides de synthèse, cuivre et soufre).

CONCLUSION

Et si on comparait les impacts potentiels dans les cours d’eau des rejets diffus agricoles et des rejets ponctuels industriels ?

Selon les données de l’IREP, les ordres de grandeur des rejets de substances synthétiques dans les cours d’eau de France métropole sont d’environ 1000 t/an de substances synthétiques et 100 000 t/an de métaux (les quantités indiquées par les données disponibles concernent en grande majorité la métropole).
On se contentera de ces ordres de grandeur car, dans l’état actuel des données disponibles, on ne peut chiffrer ni les rejets qui vont directement dans la mer, ni la part des rejets indirects qui serait éliminée par les stations collectives, ni les rejets réels qui concerneraient l’ensemble des établissements et l’ensemble des substances.

Ces 1000 t/an de rejets de substances synthétiques paraissent dérisoires devant la pression occasionnée par l’épandage de 60000 t/an de pesticides de synthèse.
Mais les 1000 t/an sont déversées directement dans les cours d’eau, alors que les 60000 t/an sont épandues sur les cultures.
Pour chiffrer les quantités de micropolluants synthétiques qui arrivent réellement dans les cours d’eau, il faut donc comparer les 1000 t/an des rejets ponctuels industriels avec, non pas 60000 t/an, mais 300 t/an pour des apports diffus agricoles (0,5% de 60000 t). L’ordre de grandeur devient donc identique !
Pour les métaux, les apports diffus agricoles se chiffrent à 20000 t/an (Cuivre et Soufre), tandis que les rejets industriels dans les cours d’eau se chiffrent à 100000 t/an (Soufre non compris). Même si on ne connait pas la part de cuivre agricole qui arrive dans les cours d’eau, l’ordre de grandeur est nettement déséquilibré vers le secteur industriel.

La ressource en eau renouvelable arrive en grande partie vers la mer (environ 90%) par l’ensemble du réseau hydrographique superficiel (pour le vérifier, on peut effectuer la somme des modules fournis par la banque HYDRO pour tous les grands cours d’eau). Le reste arrive par les écoulements souterrains. Sur cette base, on peut alors estimer la pression réelle sur les cours d’eau, en approximant, pour les pesticides agricoles, les apports dans les cours d’eau à 0,5% de 60000 t.
Le graphe suivant présente les concentrations prévisibles moyennes dans les cours d’eau pour les rejets industriels de 2007 en France métropole :


La concentration prévisible pour le total des pesticides est de 1,8 µg/L de façon globale, mais si on considère qu’ils sont majoritairement épandus sur la SAU, elle devient d’environ 3,6 µg/L en moyenne pour les cours d’eau agricoles.
La concentration moyenne prévisible pour les substances de synthèse (substances anthropiques) rejetées par l’industrie est de 5,6 µg/L, dont 2,9 µg/L pour les composés organohalogénés (AOX), 1,2 µg/L pour les hydrocarbures et 0,6 µg/L pour les phénols.

Dans les cours d’eau, la pollution métallique provient essentiellement du secteur industriel. Mais pour les substances chimiques de synthèse, toutes substances confondues et d'un point de vue strictement patrimonial, les secteurs agricole (pollution diffuse) et industriel apparaissent tout autant responsables de la contamination des cours d’eau.

C’est bien entendu un constat global qui ne tient pas compte de la répartition géographique des rejets agricoles diffus et industriels, ni du cumul des rejets d’une année sur l’autre. Mais cela permet d’avoir des ordres de grandeurs pour les moyennes et pour les concentrations maximales qui peuvent être beaucoup plus élevées.

Une fois arrivés dans les cours d’eau, les substances synthétiques agricoles ou industrielles vont plus ou moins se dégrader et se transformer en métabolites parfois très persistants pour finir par s’accumuler, avec les métaux, dans les MES, les sédiments et les organismes vivants des eaux douces et marines.

Les concentrations réelles sont effectivement du même ordre de grandeur que les prévisions. A titre d’illustration, Eau-Evolution propose les articles suivants qui décrivent les valeurs quantifiées récemment respectivement dans l’eau, les MES ou les sédiments de quelques cours d’eau plus ou moins importants : Le fait que les rejets industriels de substances de synthèse soient autant responsables de la contamination chimique des cours d’eau que les pesticides ne doit cependant pas occulter la contamination de la majorité des sols et des nappes phréatiques agricoles par ces derniers.
Dans le même ordre d’idée, les pesticides ne sont pas non plus les seuls responsables de la contamination des sols (PCB, hydrocarbures, etc.) et des nappes souterraines (voir par exemple La "nappe alluviale de la Saône" au puits de Beauregard : aperçu de la contamination chimique de l’eau). Mais pour comparer de la même façon la pression des rejets industriels et des pesticides sur les sols et les eaux souterraines, il faudrait d’abord connaitre les quantités provenant des apports industriels sur les sols, directement et par les retombées atmosphériques. Si quelqu’un sait où sont ces données, qu’il le fasse savoir !
Quant aux toxicités réelles in situ de toutes ces substances, qui sait seulement ce que peut donner à long terme l'association d'hydrocarbures et de métaux avec d'autres substances synthétiques, qu'elles soient ou non des pesticides ?

Les rejets ponctuels sont encore plus inacceptables que les apports diffus, car ils sont traitables à la source, ce n’est qu’une question financière. Non seulement ces substances ont des impacts conséquents et durables sur les milieux aquatiques, mais en plus, elles en sont pas recyclées, ce qui parait de nos jours tout à fait aberrant, en particulier pour les métaux !
Ces quelques chiffres montrent qu’il ne suffira largement pas d’agir sur les pesticides pour diminuer la toxicité des eaux. La contamination actuelle des eaux, des MES et des sédiments n’étant pas acceptable du point de vue de la toxicité comme du point de vue patrimonial, il faudrait absolument revoir les fondements de la réglementation actuelle sur les rejets des ICPE.

Dans l’idéal, sachant qu’ils finissent tôt ou tard par s’accumuler dans l’un ou l’autre des compartiments des milieux aquatiques, tous les rejets toxiques devraient être interdits. En attendant, il faudrait au moins abaisser les seuils fixés par les règlements actuels et les compléter par une réglementation intersectorielle des pollutions. Cela pourrait être un droit annuel à contaminer les eaux et les sédiments de la mer et des cours d’eau, pour les pesticides agricoles (sur la base de 0,5% ou 1% des quantités arrivant dans les cours d’eau) comme pour les rejets industriels. Ce droit à contaminer serait établi par substance mais aussi pour les cumuls de substances, et serait forcément basé sur la ressource en eau renouvelable annuelle par petit bassin versant et la nature des eaux côtières réceptrices par grand bassin versant. Il serait alors réparti en quotas et concernerait l’ensemble des établissements polluants, qu’ils soient industriels ou agricoles, et qu’ils soient petits ou gros pollueurs.

Des données anachroniques en décalage choquant avec les enjeux

Eurostat nous fournit les chiffres de production de 168 substances répertoriées comme toxiques, agrégés pour l’Europe.
L’IREP répertorie moins de 100 toxiques, le chiffre 100 comprenant aussi les macropolluants. Tous les établissements ne sont pas pris en compte.
Pour les pesticides, on doit se contenter des tonnages agrégés de substances commercialisées en France métropole.
Ces données publiques ne sont en outre pas directement exploitables au niveau des milieux aquatiques récepteurs.

Métaux, Pesticides, HAP, PCB et toutes les autres substances synthétiques, sans compter les radioéléments, nanoparticules, perturbateurs endocriniens, et autres : Les données publiques sur la pression chimique sont loin de refléter la réalité de tout ce qui arrive de façon diffuse ou ponctuelle, directe ou indirecte dans les eaux.

Mais qu’importe si on ne connait pas la pression réelle, puisque l’on ne mesure pas non plus la toxicité réelle ? Le bon état chimique vu par la Directive cadre sur l’eau ne prend en compte qu’une quarantaine de substances avec juste un "suivi" pour les sédiments…

Le lecteur conclura de lui-même sur le sérieux de ces données avec l’article Cote d'alerte sur la pollution des eaux du journal du Cnrs dont voici quelques extraits :
"Les fleuves et les rivières contiennent des millions de tonnes de polluants formés des rejets chimiques de nos industries, de notre agriculture et de nos activités quotidiennes. Ce qui signifie que l'on y trouve de tout : des solvants, des nitrates, des phosphates, des détergents, des produits cosmétiques, des PCB, notamment dans le Rhône, des nanoparticules de carbone qui pourraient jouer le rôle de surfaces absorbantes et de "pièges" pour d'autres contaminants… la liste comprend aussi des substances pharmaceutiques : paracétamol, ibuprofène, anticancéreux, anti-cholestérol, anti-inflammatoires, pilule contraceptive…."
"Nous voyons apparaître, dans de nombreux cours d'eau français, des phénomènes de féminisation des mâles chez certaines espèces de poissons (truite arc-en-ciel, gardon…), de gastéropodes, de grenouilles…, ainsi que des phénomènes d'immunotoxicité qui se traduisent par une diminution de l'efficacité du système immunitaire entraînant une sensibilité accrue aux agents infectieux."
"Chaque année, ce sont en moyenne plus de 6 millions de tonnes de produits toxiques qui sont déversés dans la mer, des hydrocarbures aux métaux lourds en passant par les engrais et les pesticides charriés par les fleuves…
N'oublions jamais que, tôt ou tard, tout finit en mer et que cette dernière ne peut tout absorber…"



Note :
Pour Eau-Evolution, la catégorie des pesticides regroupe toutes les substances utilisées, ou ayant été utilisées autrefois, pour leur pouvoir biocide par les secteurs agricole mais aussi industriel et domestique. Le classement de certaines substances est difficile et souvent délicat. Une quinzaine de substances sur les 972 recensées ont d’ailleurs changé de catégorie avec mise à jour de l’index des substances depuis la rédaction de cet article (n-Butyl Phtalate, Butyl benzyl phtalate, Formaldehyde, etc.). Cela ne change en rien les résultats concernant les quantifications. Le lecteur est tout à fait libre de classer les substances dans la catégorie qui répond au mieux à ses interrogations. L’auteur rappelle que l’objectif premier de cette vitrine est de proposer des méthodes pour appréhender au mieux la réalité de la contamination chimique des milieux aquatiques. Les experts chimistes et toxicologues sont fortement invités à participer à l’amélioration de la pertinence de l’index des substances chimiques.


Création : 20 août 2009
Dernière actualisation :

Commentaires (fermés depuis mars 2014)

Cyrille WWF, le 2009-09-17 16:23:58

Travail et réflexion remarquables ! Cet article soulève beaucoup d'interrogations en plus des lacunes de connaissances soulignées : non exhaustivité des molécules prises en compte, la question de la prise en compte des métabolites et leur degré de toxicité.... Une chose est sûre, il est urgent de stopper les apports de tous ces produits chimiques, dont on ne connait rien ou si peu des interactions, de leur assimilation dégradation par les organismes vivants (végétaux et animaux). A la vue de tous ces déversements on peut se poser la question si un jour et même pour les nappes profondes, on aura encore une ressource en eau de qualité potable sans traitements au sens de « l’eau biocompatible » !

Webmaster, le 2013-02-27 15:55:41

Le plus ahurissant, c'est que l'étude écotoxicologique qui suit soit "sans précédent". A mettre en parallèle avec les propos récents du Directeur de l'eau et de la biodiversité : "Avant la DCE, nous devions surveiller un petit nombre de paramètres physico-chimiques. Aujourd’hui, l’évaluation de l’état des masses d’eau est beaucoup plus complexe. Et elle porte sur des paramètres dont certains sont peu maîtrisés au plan scientifique. Par exemple, la DCE nous impose de rechercher les diatomées[3] -qui sont peu connues- ou les macrophytes[4] -pour lesquels les analyses ne sont pas si généralisées- ou encore des substances toxiques et dangereuses qui font appel à des données peu connues." (http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-directeur-de-l-eau-et-de-la-biodiversite-parle,33258).
Sur quelles bases scientifiques autorise-t-on alors depuis des décennies et encore actuellement toutes sortes de rejets chimiques ponctuels et diffus ?

Il s'agit de l'étude "Les animaux de la Loire contaminés par des polluants" (http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/02/25/la-pollution-court-tout-le-long-de-la-loire_1838299_3244.html). Extraits :

"Une enquête inédite révèle une contamination généralisée aux PCB, aux insecticides et aux métaux lourds de la faune vivant dans le fleuve et à ses abords."

"Le point commun entre le balbuzard-pêcheur, la loutre, l'anguille, l'écrevisse de Louisiane, le poisson-chat et la corbicule ? Tous ont été les acteurs d'une étude écotoxicologique sans précédent, menée sur l'ensemble du bassin de la Loire. Au terme de trois ans de collectes et d'analyses, ces travaux montrent qu'aucun individu d'aucune espèce, quel que soit le lieu où il vit, n'échappe à la pollution des eaux ligériennes.
Par son étendue comme par la variété de ses habitats, le bassin de la Loire constitue un hydrosystème fluvial unique en France, beaucoup plus sauvage que celui de la Seine et du Rhône. Pour déterminer son état, les auteurs de l'étude, Charles Lemarchand et Philippe Berny, respectivement écotoxicologue et vétérinaire-toxicologue à VetAgroSup (campus vétérinaire de Lyon) et René Rosoux, directeur scientifique du Muséum d'Orléans, se sont fondés sur le taux de substances toxiques retrouvées chez des animaux qui, par leur fonction prédatrice, jouent le rôle de "biocapteurs" de contaminants.
Dans les bassins du Rhône et du Rhin, des travaux similaires ont été menés sur les poissons, qui ont montré une contamination importante par les PCB (polychlorobiphényles, interdits en France depuis 1987). Mais jamais une telle variété d'espèces n'avait été sondée. Trois superprédateurs piscivores (balbuzard-pêcheur, grand cormoran et loutre), deux poissons migrateurs (anguille et mulet porc), trois poissons polyphages, trois crustacés et trois bivalves filtreurs... De quoi appréhender les phénomènes de pollution à différentes échelles spatiales : station permanente pour les bivalves, aire de manœuvre de quelques kilomètres (poissons et loutre), échelle intercontinentale (oiseaux migrateurs)."

"DES PRODUITS TRÈS RÉMANENTS DANS L'ENVIRONNEMENT
Des têtes de bassins à l'estuaire en passant par les plaines alluviales, neuf sites de prélèvements ont été retenus. Sur chacun d'entre eux, et pour chaque espèce, la concentration de PCB a été analysée, ainsi que celle des pesticides organochlorés et organophosphorés, des métaux lourds et des herbicides anticoagulants. Au total, 54 polluants ont été recherchés.
Les conclusions sont en demi-teinte. Les contaminants les plus nocifs sont aussi ceux qui ont été détectés avec la plus grande fréquence. Comme "les pesticides organochlorés de la famille du DDT, les PCB dont les effets sur la faune sauvage sont désastreux, et, enfin, le mercure", détaille René Rosoux. Ces produits, de moins en moins employés (l'usage du DDT est interdit depuis 1972), se révèlent donc très rémanents dans l'environnement. Bonne nouvelle en revanche, les pesticides les plus récents sont plus rares chez les superprédateurs, situés au sommet de la chaîne trophique.
Si aucun représentant de la faune n'est épargné par ces toxiques, aucune des espèces étudiées ne semble menacée à court terme par cet empoisonnement. Le paysage s'éclaircit donc pour la loutre ou le balbuzard-pêcheur, qui étaient menacés d'extinction par les pesticides organochlorés il y a encore vingt ou trente ans."

"L'EFFET COCKTAIL DES SUBSTANCES TOXIQUES
L'étude montre aussi incidemment que les loutres vivant sur les contreforts du Massif central se sont révélées plus contaminées que celles de la zone estuarienne et des grands marais de l'Ouest où les sources de pollution sont bien plus grandes. "Cela casse un peu le mythe du Massif central "château d'eau" de la France mais cela n'a rien d'étonnant, explique M. Lemarchand, les toxiques voyagent dans l'atmosphère et les pluies abondantes dans cette région, les entraînent avec elles dans le lessivage des sols."
Dans leurs conclusions, les chercheurs restent prudents : "Nous connaissons encore mal l'effet cocktail des substances toxiques", résume Philippe Berny. Or celui-ci pourrait se révéler détonnant. Pour au moins deux raisons.
La première est qu'aux toxiques incriminés s'ajoutent diverses substances pharmaceutiques et hormonales, sur lesquelles les chercheurs – qui viennent de recevoir du plan "Loire Grandeur Nature" le financement nécessaire pour poursuivre leurs travaux jusqu'à la fin 2014 – vont maintenant se pencher. La seconde est le réchauffement climatique. "Il faut s'attendre dans les années à venir à une augmentation des sécheresses estivales, ce qui entraînera une concentration des polluants présents dans l'eau", prévoit Charles Lemarchand. De même, des crues hivernales plus intenses risquent de remobiliser plus largement les contaminants piégés dans les sédiments des rivières ou des barrages. Un contexte incertain, donc, dans lequel l'étude actuelle pourrait servir de référence au "temps zéro" de la biodiversité ligérienne."

CyrilleWWF, le 2013-02-27 16:34:26

Bon y'en a marre de ces mauvaises nouvelles !
Et pour toutes celle et ceux qui pensaient que la Loire, qualifiée de dernier fleuve sauvage d’Europe, était épargnée par la contamination chimique ; c’est loupé !

Que faut-il penser de l’approche DCE, et de « milieux classés en bon état écologique ou chimique», mais qui par le biais de facteurs de bioamplification/accumulation possèdent des espèces bourrées de contaminants chimiques classés pour certaines molécules de perturbateurs endocriniens ?

La présence des ces espèces, n’est pas synonyme de bon état écologique, et leur degré de contamination n’indique pas que le milieu est contaminé. Le bon état chimique au sens DCE n’est fondé rappelons le que sur 41 substances dites prioritaires ! Ainsi, certains contaminants, comme les PCBs (présents dans les sédiments (source de contamination des chaînes trophiques pour plusieurs décennies), ou d’autre molécules (médicaments, hormones de synthèse…) ne qualifient pas le bon état chimique. Ils peuvent être présents en concentration plus ou moins importante, et le milieu peut être classé en bon état chimique au sens DCE !
Certaines espèces comme l’anguille sont presque dans l’incapacité de se reproduire vu leur charge toxique (et déclarent cancers, nécroses et autres pathologies (imaginez les dans un tel état avant de parcourir leur périple en mer des Sargasses !) .

Webmaster, le 2013-06-30 17:14:49

Pour info : "Exposition de la population française aux pesticides et PCB-NDL" (http://www.invs.sante.fr/Espace-presse/Communiques-de-presse/2013/Exposition-de-la-population-francaise-aux-pesticides-et-PCB-NDL). Extraits :

"Après la parution de premières données en septembre 2010 et mars 2011, l’InVS publie aujourd’hui de nouveaux résultats détaillés. Estimés à partir d’un échantillon d’environ 400 personnes âgées de 18 à 74 ans, ils portent sur l’exposition de la population française aux PCB-NDL et à trois familles de pesticides : organochlorés, organophosphorés et pyréthrinoïdes, dosés dans le sang ou l’urine. Il s’agit de la première étude d’imprégnation de la population adulte par plusieurs substances chimiques en France.

Exposition aux pesticides
Le terme "pesticides" est une appellation générique pour les substances ou produits qui éliminent des organismes considérés comme nuisibles ; il comprend les produits phytopharmaceutiques (pour la protection des végétaux), les biocides (pour la conservation du bois, la désinfection ou la lutte antiparasitaire) et certains médicaments à usage vétérinaire et humain, en particulier pour lutter contre les ectoparasites.
Afin de mesurer l’exposition à ces agents dans la population générale française, cette étude a évalué la présence de certaines familles chimiques de pesticides et leurs concentrations dans le sang et les urines au sein de l’échantillon de 400 personnes issu de l’ENNS. Elle comprend des pesticides de la famille des organochlorés, dont la plupart sont interdits aujourd’hui mais persistants dans l’environnement et dans l’organisme humain (ex. : DDT, lindane), ainsi que des organophosphorés et des pyréthrinoïdes, encore utilisés aujourd’hui majoritairement pour leur propriétés insecticides.

Les mesures d’interdiction et de restriction d’usage semblent avoir montré leur efficacité pour les pesticides organochlorés
Introduits dans les années 1940, leur utilisation a été limitée ou interdite en raison de leur persistance dans l’environnement. Dans l’ensemble, à l’exception de certains chlorophénols (notamment utilisés comme antimite ou désodorisant), les concentrations observées sont relativement basses, ce qui traduit l’effet positif d’une interdiction déjà ancienne pour la plupart des composés. C’est le cas, par exemple, de l’insecticide DDT.

Les niveaux français des pesticides organophosphorés et pyréthrinoïdes seraient parmi les plus élevés en référence à des pays comparables
Globalement, les concentrations urinaires de métabolites (produits de dégradation) des pesticides organophosphorés sont inférieures à celles de la population allemande (en 1998) et similaires à celles de la population israélienne mais supérieures à celles des Américains ou des Canadiens. Si les facteurs physiologiques tels que l’âge et la corpulence semblent influencer de façon importante les niveaux des biomarqueurs urinaires, il faut également tenir compte, mais dans une moindre mesure, du lieu de résidence, et notamment de la présence de certaines activités agricoles dans le département, de l’alimentation et de l’usage d’insecticides dans le logement. Aujourd’hui, les pesticides organophosphorés sont beaucoup moins utilisés qu’auparavant (notamment qu’au moment de l’étude ENNS en 2007) et avec des usages restreints.
Concernant, les pyréthrinoïdes, famille d’insecticides la plus utilisée dans le traitement des cultures et dans les applications domestiques, les concentrations sont plus élevées que celles observées en Allemagne, au Canada ou aux Etats-Unis. La consommation de certains aliments et l’utilisation domestique de pesticides (ex. : traitement antipuces des animaux domestiques ou traitement d’un potager) influencent de façon importante les niveaux d’imprégnation.

Exposition aux polychlorobiphényles non dioxin-like, PCB-NDL
Les PCB sont des produits de synthèse, utilisés autrefois pour leurs propriétés lubrifiantes et isolantes (transformateurs électriques), ainsi que pour leur stabilité chimique et physique (encres, peintures). En l’espace de 20 ans (entre 1986 et 2007), la concentration sanguine de PCB a été divisée environ par trois en France. Cependant, l’héritage historique de la pollution par les PCB est encore présent.
•Environ 13 % des femmes en âge de procréer (18-45 ans) et moins de 1 % des adultes ont une concentration de PCB totaux supérieure aux seuils critiques définis par l’Anses (700 ng/g de lipides pour les femmes en âge de procréer et 1800 ng/g de lipides pour les autres adultes).
•Les concentrations sériques de PCB observées dans la population française sont du même ordre de grandeur que celles observées dans d’autres pays d’Europe, bien que le plus souvent un peu supérieures et environ 5 fois plus élevées qu’aux Etats-Unis. Cette situation s’explique probablement, en partie, par des différences d’évolution du contexte réglementaire et de comportements alimentaires (consommation moindre de poisson aux USA par comparaison avec les Européens). Les PCB tendent à s’accumuler dans l’organisme au cours du temps, principalement en raison de l’exposition via l’alimentation (source principale des PCB) qui est continue au cours de la vie. Dans l’étude ENNS, l’imprégnation par les PCB est en partie corrélée avec la consommation de produits d’origine animale, en particulier la consommation de produits de la pêche, de viande, de produits laitiers. Cette augmentation de l’imprégnation est toutefois moindre que celle constatée avec l’âge. Depuis l’étude ENNS, des mesures de gestion des PCB visant à réduire les expositions ont été mises en place (plan PCB, renforcement de la réglementation au niveau de l’alimentation et recommandations de consommation de poissons)."

Webmaster, le 2013-10-14 13:57:11

Il y a aussi la question des plastiques et des microplastiques, cf. "Les lacs de montagne sont pollués au plastique" (http://www.futura-sciences.com/magazines/environnement/infos/actu/d/pollution-lacs-montagne-sont-pollues-plastique-49511/#xtor=RSS-8). Extraits :
"Si l’océan tend à devenir une soupe de plastique, c'est surtout parce qu'il reçoit les déchets transportés par les rivières et les fleuves. Les eaux douces sont en effet très concernées par la pollution aux matières plastiques, que l'on retrouve aujourd'hui jusque dans les lacs de montagne. Au moins 10 % de la production totale de plastique finit dans les océans. Fleuves, rivières et lacs ne sont pas épargnés. Il y a quelques mois, une étude rapportait que le lac Léman, situé entre la France et la Suisse, était aussi pollué que la Méditerranée. Dans la revue Current Biology de cette semaine, une nouvelle étude suggère que tous les lacs alpins sont menacés de pollution au plastique. L’eau d'un lac de montagne paraît pure, mais peut être contaminée par des plastiques nocifs. Ce constat, une équipe de recherche l’a fait en étudiant le lac de Garde, plus grand lac des Alpes italiennes. L’analyse du lac s’inscrivait dans une étude globale de la contamination aux macro et micro déchets plastiques des étendues d’eau douce alpines. Les scientifiques ont été surpris de leurs résultats. Le nombre de microplastiques dans le lac de Garde était proche de celui trouvé dans les sédiments des plages océaniques.

Le plastique entre dans la chaîne alimentaire
L’équipe de recherche pensait que le lac de Garde serait le moins pollué de leur étude. Il est situé en région subalpine, et aurait donc dû être plus propre que les lacs de vallées. Si les lacs alpins contiennent déjà des particules microplastiques, il y a fort à déplorer de ce que l’on peut trouver dans les rivières ou lacs en vallée. Les produits chimiques associés aux microplastiques sont cancérigènes, agissent comme des perturbateurs endocriniens et peuvent être très toxiques. Par ailleurs, les polymères sont capables d’absorber les polluants organiques et de les transporter loin de leur source. Ils favorisent donc l’expansion géographique de la pollution. Dans l’étude, les chercheurs montrent que les microplastiques détectés dans le lac de Garde peuvent être avalés : les invertébrés d’eau douce, tels que les vers ou les puces d’eau, sont capables de les ingérer. Un tel résultat est alarmant, car il suggère que les microplastiques entrent la chaîne alimentaire. Comme pour les océans, il faut développer des lignes de conduite de surveillance standardisée à l’échelle européenne, pour protéger les cours d’eau douce. Le réseau d’étude doit s’étendre, et les Alpes vont peu à peu devenir un site sous haute surveillance."

Webmaster, le 2014-01-13 13:42:36

"Pesticides: l’annonce de la baisse de l’usage des pesticides en 2012 basée sur des données tronquées!" (http://www.generations-futures.fr/pesticides/pesticides-lannonce-de-la-baisse-de-lusage-des-pesticides-en-2012-basee-sur-des-donnees-tronquees/). Extraits :
"Rappel des faits. Le 9 décembre le ministre de l’Agriculture M. Le Foll « saluait des résultats très encourageants en 2012 […], qui confortent la dynamique de réduction du recours aux pesticides engagée dans notre pays ». Générations Futures saluait ces signes « encourageants » en 2012 mais titrait malgré tout que cette baisse était à relativiser car l’usage des pesticides stagnent en prenant comme référence la période ‘glissée’ des trois dernières années.
Révélation de Générations Futures. Cette baisse est basée sur des données incomplètes et n’est donc pas réelle! Nous avons pu avoir accès à des informations qui nous permettent de savoir que les données 2012 exploitées par le Ministère n’étaient pas complètes car dans le calcul un certain nombre de quantités de substances vendues pour calculer l’indicateur de référence NODU (pour NOmbre de Doses Unités) de l’utilisation des pesticides en 2012 n’ont pas été prises en compte ! Il manquait de fait environ 4% des quantités de substances vendues pour calculer le NODU 2012 ! (Ces révélations sont confirmées par une enquête du Monde, alerté par Générations Futures, publiée ce jeudi 19 décembre après-midi) ; La baisse annoncée de 5% n’est donc absolument pas réelle mais un élément de communication basé sur des chiffres tronqués volontairement !
De même, sur le plan des profils de toxicité des substances vendues, le Ministère a mis en avant une baisse plus de 30% de l’usage des Cancérigènes Mutagènes et Reprotoxiques de catégorie 2 (CMR 2 = CMR probable) alors que seul un CMR 2 a été pris en compte pour 2012 … pour 45 vendus, car c’est le seul CMR2 rentrant dans le champ de la redevance pour pollutions diffuses (RPD). En effet les CMR 2 ne sont à ce stade soumis à la RPD que s’ils sont prioritaires au titre de la directive cadre sur l’eau. Encore un tour de passe-passe du Ministère de l’Agriculture pour pouvoir annoncer des « bonnes nouvelles » !
« Il est stupéfiant de voir que le Ministère de l’Agriculture annonce à grand renfort de com’ une baisse supposée de l’usage des pesticides en agriculture alors que le même Ministère sait parfaitement que tout ceci est basé sur des chiffres tronqués. » déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures « Nous sommes vraiment furieux que la volonté politicienne de pouvoir annoncer un soit disant succès l’ait emporté sur la réalité alors même que, pour sortir de sa dépendance aux pesticides notre agriculture a besoin d’un langage de vérité, d’orientations politiques claires et d’exigence de résultats…réels. » ajoute t’il."

Webmaster, le 2014-01-13 14:07:55

Un phénomène qui était prévisible et qui ne devrait pas aider à réduire les pesticides. Cf. "Etats-Unis : les mauvaises herbes envahissent les champs d'OGM" (http://www.leparisien.fr/environnement/etats-unis-les-mauvaises-herbes-envahissent-les-champs-d-ogm-12-01-2014-3485665.php). Extraits :
"Après les mauvaises herbes, les «super mauvaises herbes». Les agriculteurs américains font face à la prolifération de ces végétaux devenus résistants aux herbicides. La faute aux organismes génétiquement modifiés (OGM) selon certains militants et chercheurs, ce que contestent les semenciers. Si ce phénomène de prolifération d'herbes ultra-résistantes, appelées «superweeds», est reconnu par tous, les points de vues s'opposent sur son origine. Selon une étude publiée en septembre dans le magazine Science, «les États-Unis se dirigent vers une crise» car «dans certaines régions du pays les mauvaises herbes résistantes à l'herbicide le plus populaire au monde, le glyphosate, poussent maintenant dans la grande majorité des champs de soja, coton, et maïs». Ces cultures sont à 90% à base de graines OGM aux États-Unis. Dans sa dernière étude sur le sujet publiée il y a près d'un an, le cabinet d'étude Stratus concluait que la moitié des agriculteurs déclaraient avoir trouvé des «mauvaises herbes résistant au glyphosate dans leur exploitation», soit un bond de 34% sur un an.

Un problème plus ancien ?
Le glyphosate est le nom chimique du désherbant le plus utilisé aux États-Unis, créé par le groupe américain Monsanto dans les années 1970 et aujourd'hui commercialisé sous le nom de Roundup chez lui, Durango chez son concurrent Dow Chemical. Il est réputé traiter les mauvaises herbes tout en préservant maïs, blé ou soja de type OGM. Mais l'industrie des semences transgénique refuse toute responsabilité dans ce phénomène. Un porte-parole de Monsanto, groupe qui a lancé les premières semences génétiquement modifiées pour tolérer le glyphosate en 1996, fait valoir que «les herbes résistantes aux désherbants datent de bien avant les OGM». «C'est un phénomène qui date de plusieurs décennies, et qui est apparu après le développement des herbicides. Il survient avec tous les systèmes d'herbicides. Les plantes effectuent une sélection naturelle pour devenir plus résistante au fur et à mesure du temps», a confirmé un porte-parole de l'USDA, le département de l'Agriculture américain, interrogé par l'AFP.

Un surdosage d'herbicides
Bill Freese, du Center for Food Safety, une ONG anti-OGM, souligne toutefois que, si «le problème de la résistance précédait le lancement des graines transgéniques, il s'est fortement accéléré» avec leur utilisation. Un avis partagé par des scientifiques comme Margaret Smith, de l'université de Cornell (Etat de New York, est des Etats-Unis), ou Charles Benbrook, du Centre pour les ressources naturelles et renouvelables de l'Université de Washington State. Selon eux, «des doses plus lourdes d'herbicides utilisées dans les champs depuis» le lancement de graines tolérant les herbicides «ont provoqué la résistance de mauvaises herbes au glyphosate». Une étude publiée sur le site de Pioneer, filiale de semences OGM de DuPont, constate aussi que «le glyphosate a été utilisé pendant plus de 20 ans avant le lancement des (OGM) sans aucun problème de résistance» des mauvaises herbes. Le problème est apparu «tout d'abord dans des zones où le glyphosate avait été appliqué de multiples fois par saison pendant plusieurs années», ajoute le document.

Cercle vicieux
L'USDA souligne, ce que confirment les chercheurs, que ce ne sont pas les OGM en eux-mêmes qui sont à l'origine des «super mauvaises herbes» mais «les tactiques choisies par les agriculteurs» qui ont massivement adopté le système OGM + glyphosate commercialisé par Monsanto et ses concurrents. «Les agriculteurs se sont trop reposés sur les herbicides au glyphosate en association avec les OGM», note une étude co-écrite par David Mortensen et publiée par la revue BioSciences il y a deux ans. Un porte-parole du géant agrochimique Dow va dans le même sens et parle d'une «sur-utilisation du glyphosate parce que les cultivateurs ne voyaient pas de meilleure alternative».
Charles Benbrook décrit un véritable cercle vicieux, les «superweeds» incitant les agriculteurs à augmenter les applications de désherbants «de l'ordre de 25% par an». «Beaucoup d'experts aux États-Unis anticipent que l'autorisation de mise sur le marché de graines tolérantes à de multiples herbicides va entraîner une hausse d'au moins 50% des applications» de désherbants, ajoute-t-il. L'USDA a ainsi annoncé vendredi 10 janvier 2014 qu'il allait étudier, à la demande de Dow, la mise sur le marché d'OGM conçus pour tolérer plusieurs désherbants à la fois, dont le 2,4-D, contesté car plusieurs études scientifiques lui attribuent notamment un effet cancérigène ou des cas de maladie de Charcot, une maladie neurodégénérative mortelle. La revue Science notait dans l'étude publiée en septembre 2013 la «prolifération d'herbes résistantes à de multiples herbicides»."


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