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À partir des données brutes mises à la disposition du public, des citoyens élaborent et partagent une information indépendante sur l'état de l'environnement

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Information ou désinformation sur l'état des eaux (2) : une information officielle indigente sur l'état chimique des eaux jusqu'en 2009


Résumé : Cet article rassemble de nombreux exemples sur les insuffisances, les manquements et les incohérences de l'information sur l'état chimique patrimonial réel des eaux. Tous ces exemples proviennent d'une enquête réalisée sur le web et concernent peu ou prou les informations publiées avant la création du SOeS (ex-Ifen) et avant l'arrivée des premières données issues de la surveillance DCE.

La France ne s'est pas particulièrement illustrée par le passé ni sur la pertinence ni sur la rapidité de l'information officielle qu'elle délivre aux citoyens sur l'état de l'environnement. Toute désinformation dans ce domaine est susceptible de retarder la mise en place de mesures de protection efficaces des populations concernées mais aussi des équilibres naturels et de la biodiversité.
La désinformation sur le nuage de Tchernobyl a provoqué une véritable crise de défiance. Deux décennies après Tchernobyl, le récent scandale des PCB dans le Rhône (Le Rhône pollué par les PCB : un Tchernobyl français ?) est révélateur de la récurrence des dysfonctionnements graves au niveau de la connaissance et de l'information publique.

Le web permet aux internautes curieux de faire des investigations qui révèlent parfois des choses étonnantes. Comme par exemple la petite enquête qui suit dont les résultats sont atterrants : la ressource en eau patrimoniale serait-elle gérée par une bande de gamins costume-cravates qui jouent au coloriage avec la santé des écosystèmes aquatiques et des citoyens ?
En 1962, Rachel Carson, selon la formulation de l’article Printemps silencieux, "accusait l'industrie chimique de pratiquer la désinformation, et les autorités publiques de répondre aux attentes de l'industrie chimique sans se poser de questions". Un demi-siècle après, en France, n'aurait-elle accusé les autorités publiques de pratiquer la désinformation au profit de l'industrie chimique ?


L'élasticité des seuils de qualité et des informations officielles conséquentes

L'article Information ou désinformation sur l'état des eaux (1) : la surveillance des contaminants chimiques et l'évaluation de l'état chimique DCE ne sont que des leurres explique que l'on peut surveiller les micropolluants et évaluer la qualité chimique des eaux soit de façon réglementaire soit de façon patrimoniale, une surveillance patrimoniale permettant une évaluation à la fois patrimoniale et réglementaire.

La réglementation fixe des seuils à ne pas dépasser. Ils correspondent le plus souvent à des usages (classe de qualité "bonne" pour le SEQ eau potable) mais peuvent être ou du moins paraître patrimoniaux (classe de qualité "bonne" pour le SEQ patrimonial eau souterraine, "bon état chimique" pour la DCE, etc.).
Les seuils patrimoniaux ne sont pas établis par l'usage auquel on destine la ressource, par le montant des travaux à faire pour être respectés, ou par toute autre vision anthropocentrique. Ils doivent prendre en compte tous les aspects de la connaissance scientifique des écosystèmes aquatiques, des relations entre l'état des eaux et le maintien de la biodiversité, etc. Ce qui se traduit forcément par des valeurs très basses.
La concentration sans effet prévisible (PNEC) est la concentration maximale pour laquelle il n'est pas attendu d'effet sur l'ensemble des organismes aquatiques. Elle sert à établir certains seuils du SEQ-eau ainsi que les normes de qualité environnementale (NQE) qui prennent aussi en compte la protection de la santé humaine.
L'utilisation de ces seuils implique bien évidement d'analyser les substances avec des limites analytiques adaptées : les limites de quantification et a fortiori de détection doivent être significativement inférieures à ces normes, et ce d'autant plus que l'on cherche à évaluer des tendances ou des cumuls de substances et de toxicités.

Tous ces seuils ont un caractère éminemment empirique et évolutif. Ils sont souvent extrapolés à partir données existantes très maigres et qui résultent d'essais in vitro avec de l'eau filtrée. La réalité de la toxicité in situ peut être très différente. Ils doivent être réajustés en fonction des nouvelles investigations. Et enfin, et surtout, ils ne tiennent pas compte des effets synergiques dus à la présence de plusieurs toxiques dans l'eau, ou à des facteurs climatiques particuliers dont la remontée des températures qui affecte aussi bien les eaux que les sédiments.
Dans le cadre d'une surveillance patrimoniale, les limites analytiques doivent donc diminuer d'année en année afin être systématiquement les plus basses possibles.

Les évaluations de la qualité de l'eau basées sur des normes ou des seuils sont donc forcément élastiques avec à la clé une information environnementale dangereuse et à prendre avec précaution. Malheureusement, soit parce que les exposés sont trop compliqués ou pas assez détaillés, soit par simple confiance, la majorité des citoyens et des médias, quand on les informe officiellement que tel pourcentage de stations est en bonne qualité, ne vont pas chercher à savoir à quoi correspond précisément cette "bonne qualité", ni si la définition de la "bonne qualité" de 2009 correspond à celle de la "bonne qualité de 2008", etc.
L'article Information ou désinformation sur l'état des eaux (1) : la surveillance des contaminants chimiques et l'évaluation de l'état chimique DCE ne sont que des leurres présente plusieurs exemples de cette élasticité.


La logique qui détermine le choix des seuils dans les publications officielles paraît inexistante et décalée par rapports aux enjeux

Analysons de façon détaillée l'exemple récent de deux cartes de qualité issues de deux publications officielles qui décrivent la contamination par les pesticides de la même ressource patrimoniale en eaux souterraines analysée la même année.
Elles ont été publiées par l'Ifen (voir aussi Sne-fsu/fiche Diren-Ifen) en 2006, l'une dans son très médiatique "Bilan pesticides" annuel et l'autre dans son non moins médiatique "L'environnement en France" qui paraît tous les 4 ans.
Ces deux documents présentent l'état de contamination par les pesticides en 2004 de la même ressource patrimoniale en eaux souterraines (910 points), et plus précisément "les informations sur la qualité patrimoniale de l’eau" qui "sont fournies par les réseaux de surveillance de type connaissance générale" (Les pesticides dans les eaux Données 2003 et 2004 (n°D5)-Aout 2006 www.ifen.fr/acces-thematique/eau/publications.html).

Les deux cartes de qualité des eaux souterraines publiées en 2006 par l’Ifen

Suivant que l’on regarde l’une ou l’autre de ces deux cartes, les commentaires sont les mêmes, mais les résultats présentés sur les cartes ne sont pas les mêmes.
Pour bien comprendre la suite, voici une petite analyse schématique et simplifiée des seuils des deux SEQ-eau utilisés et donc des couleurs des points figurant dans les deux cartes :

(On trouvera plus de détails dans le Système d'évaluation de la qualité des eaux souterraines publié en 2003)


N.B. : Les cartes présentées ci-dessous sont extraites par "copié-collé" des documents cités et ne sont donc pas de bonne qualité. Le lecteur est invité à consulter directement les documents originaux cités dont elles sont extraites : elles ne sont présentées ici que parce que c'est indispensable pour faciliter la compréhension de l'exposé.

-La première carte a été publiée dans le "Bilan pesticides d’août 2006" (Les pesticides dans les eaux Données 2003 et 2004 (n°D5)-Aout 2006 www.ifen.fr/acces-thematique/eau/publications.html).
Elle a été réalisée avec le SEQ "eau potable" et présente "La qualité des eaux souterraines établie avec les données des réseaux de connaissance générale et des réseaux phytosanitaires" :

"Source : agences de l’Eau et groupes régionaux sanitaires – traitements Ifen : SEQ-eau usage eau potable"


-La seconde carte, qui a été publiée dans "L'environnement en France Edition 2006 Ifen" (http://www.stats.environnement.developpement-durable.gouv.fr/uploads/media/eau_ree2006_01.pdf), est celle qui aurait dû paraitre dans le "Bilan pesticides d’août 2006" si l'on suit la logique présentée dans les tous premiers bilans pesticides et notamment dans le bilan portant sur les données 2001. De façon étrange, elle est commentée avec les résultats du SEQ "eau potable" utilisé pour la première carte ci-dessus, mais qui ne correspondent pas, excepté pour les valeurs de contamination élevées, à ceux obtenus avec le SEQ "qualité globale" utilisé pour cette seconde carte !
Cette carte porte exactement sur le même nombre de points indiqués dans la légende que la première carte. Elle présente "Les phytosanitaires dans les eaux souterraines en 2004":

"Source : agences de l’Eau – Diren – Draf/SRPV - conseils généraux - Traitements Ifen SEQ-Eau qualité globale"


La différence entre ces deux cartes est la suivante :
Selon les commentaires identiques pour les deux cartes et qui concernent les "réseaux de connaissance générale", 27 % des points ont une qualité médiocre à mauvaise. Sauf que ce qui n'est pas précisé dans ces commentaires et que l'on constate en analysant les cartes, c'est que :
Sur la première carte, publiée dans le "Bilan pesticide", 73 % des points de mesure sont de qualité bonne ou non quantifiés, tandis que pour la seconde carte, publiée dans "L'environnement en France", seuls 52 % des points sont de qualité bonne ou non quantifiés.
=>Dans la première carte, 188 points (soit 20 % des points) sont classés en bonne qualité (points bleus) alors qu'ils sont en réalité déjà significativement contaminés puisqu’au-dessus de 0,05 µg/L (points jaunes : "Dégradation significative par rapport à l'état naturel.")

Il est donc très dommageable pour la qualité de l'information sur les pesticides destinée en grande partie à une prise de conscience citoyenne :
-que le "Bilan pesticide" n'ait pas été publié avec la seconde carte plus précise dans son contenu, c'est-à-dire que toutes les informations disponibles et qui sont pourtant déjà si insuffisantes n'aient pas présentées au public.
-que la carte de qualité en eaux souterraine publiée dans "L'environnement en France" n'ait pas été commentée, à l'instar de la carte de qualité pesticides en eaux de surface et d'ailleurs aussi de toutes les autres cartes de qualité publiées dans ce même document, en présentant les pourcentages de points en qualité "moyenne à mauvaise" (regroupant les 3 dernières classes de qualité), c'est-à-dire pas en bonne qualité, au lieu de les présenter de façon particulière et unique pour la carte en eaux souterraine en qualité "médiocre à mauvaise" (ne regroupant que les 2 dernières classes de qualité).
=>Si ces documents ne sont pas de la manipulation de l'information, cela y ressemble fort. Et c'est de nature à créer de la confusion pour les lecteurs en particulier sur la différence entre la ressource patrimoniale et la ressource utilisée pour la production d'eau potable. Le bon sens et la rigueur statistique auraient voulu que seule la deuxième carte qui est la plus informative et la plus adaptée à l'évaluation de la ressource patrimoniale et au risque pesticides soit publiée dans ces deux documents, et avec un commentaire en accord.
=>Pesticides et coloriage :
Ces incohérences ne font pas bien sérieux et sont même inacceptables et incompréhensibles.
Nous ne savons pas ce qui s'est vraiment passé à l'Ifen en 2006 au moment de la publication des cartes de qualité des pesticides dans les eaux souterraines dans "L'environnement en France" paru 2 mois après le bilan pesticides. Mais il n'est pas interdit d'imaginer que l'Ifen ait été secoué par le dilemme cornélien suivant :
-Publier la première carte ? Dans ce cas, la différence de traitement des pesticides en eaux souterraines ne serait-elle pas visible rien qu'en feuilletant le document, à cause de la présence d'une carte à 3 couleurs (bleu, orange et rouge) au milieu de toutes les autres cartes de qualité qui affichent 5 couleurs (bleu, vert, jaune, orange et rouge) ?
-Publier la seconde carte ? Donc choisir de ne pas montrer ostensiblement la différence de traitement des pesticides en eaux souterraines en n'appliquant cette différence de traitement que sur le commentaire de la carte (pourcentage de points en qualité "médiocre à mauvaise" au lieu de "moyenne à mauvaise"), ce qui se repère beaucoup moins facilement que dans le coloriage des cartes ? Mais le choix de cette option ne s'accompagne-t-il pas de la nécessité de croiser les doigts pour que "pas vu pas pris", car sinon il faudra assumer non seulement la différence de traitement réservée aux pesticides en eaux souterraines, mais aussi la manipulation sensée la cacher ?
Toute ressemblance avec un scénario réel ne serait que pure coïncidence. Mais ce genre de scénario ne serait-il pourtant pas dans la lignée des faits troublants qu'évoque le document La curieuse méthodologie du rapport de l’Ifen à propos justement de ce bilan pesticides 2006 ?

Des pirouettes farfelues et obscures pour justifier le changement du SEQ fonction patrimoniale en SEQ usage eau potable

La justification fournie par l’Institut français de l'environnement (Ifen) qui utilise le SEQ "usage eau potable" pour traiter les données patrimoniales du réseau de connaissance générale (eaux non utilisées pour la production d’eau potable) 2003/2004 est insoutenable :
-Pour les données 2001, dans son bilan annuel sur les pesticides dans les eaux, l'Ifen justifiait l'utilisation du SEQ-eau "altération pesticides" pour évaluer la qualité des eaux souterraines par (Les pesticides dans les eaux Cinquième bilan annuel - Données 2001 (n° ET37) - Juillet 2003 www.ifen.fr/acces-thematique/eau/publications.html) :
"Pour les eaux souterraines, le système d’évaluation de la qualité introduit la notion d’état patrimonial pour exprimer le degré de dégradation d’une eau du fait de la pression exercée par les activités socio-économiques sur les nappes. Ceci se traduit par un premier seuil, particulièrement bas, au-dessus duquel a été identifié un premier niveau de dégradation de ces eaux. Ce seuil correspond au seuil de détection des analyses chimiques du produit concerné, soit, par exemple pour l’atrazine, 0,01 µg/l". On peut lire aussi dans le Système d'évaluation de la qualité des eaux souterraines publié en 2003, une autre formulation de la justification de ce premier seuil de contamination égal à 0,01 µg/L par substance (0,001 µg/L même pour certaines substances) : "L'état patrimonial du SEQ Eaux souterraines fournit une échelle d'appréciation de l'atteinte des nappes par la pollution et permet de donner une indication sur le niveau de pression anthropique s'exerçant sur elles sans faire référence à un usage quelconque". Nous sommes donc bien ici pour ce bilan pesticides sur les données 2001 dans une évaluation patrimoniale de la contamination des eaux souterraines (réseaux de connaissance générale). La méthode SEQ n’est pas vraiment adaptée, mais ce SEQ patrimonial reste le moins pire des SEQ !
-Par contre pour les données 2003/2004, et toujours pour évaluer la qualité de ce même réseau patrimonial de connaissance générale, l'Ifen justifie l'utilisation du SEQ-eau "eau potable" par (Les pesticides dans les eaux Données 2003 et 2004 (n°D5) - Aout 2006 www.ifen.fr/acces-thematique/eau/publications.html) :
"La qualité des eaux souterraines est estimée selon une grille d’évaluation différente de celle des eaux superficielles, basée principalement sur leur aptitude à fournir de l’eau potable, car les besoins de la vie aquatique ne sont généralement pas pertinents dans les eaux souterraines".

=>Aurait-on oublié qu'il s'agissait d'état patrimonial et d'eaux non utilisées pour la production d’eau potable ? Aurait-on oublié que les eaux de surface et souterraines étaient liées ? Pourquoi n'évoque-t-on plus du tout l'état patrimonial ? Il n'y a aucun lien logique avec l'explication précédente. Cette justification scandaleuse prend tout simplement les citoyens pour des jambons. Le plus inacceptable, c'est que cette justification de ce qui est bel et bien de la désinformation caractérisée a probablement été validée par le "groupe technique composé de : - ministère de l’Écologie et du Développement durable (DE, DPPR, D4E, DNP), - ministère de l’Agriculture et de la Pêche (DGAl, DGFAR), - Corpen, - agences de l’Eau (Adour-Garonne, Artois-Picardie, Rhin-Meuse, Seine-Normandie, Rhône-Méditerranée et Corse, Loire-Bretagne), - Diren (Bretagne, Centre, Ile-de-France, Midi-Pyrénées, Nord - Pas-de-Calais), - DRAF - SRPV (Aquitaine, Bourgogne, Franche-Comté et Lorraine), - Ifremer, - BRGM, - ministère chargé de l’Industrie (Digitip), - Lyonnaise des eaux France, - Veolia Eau, - UIPP, - OIEau" puisqu'il est présenté comme ayant contribué au bilan pesticides données 2003/2004, (Les pesticides dans les eaux Données 2003 et 2004 (n°D5) - Aout 2006 www.ifen.fr/acces-thematique/eau/publications.html), donc en particulier par le ministère de l'Ecologie…

=>Dans le même sens, permettons-nous de suggérer à l’Ifen de publier ses prochaines cartes sur la qualité patrimoniale des eaux souterraines avec le SEQ "usage irrigation" car les besoins des citoyens ne sont généralement pas pertinents dans les publications officielles sur l'état des eaux : tous les points seront d'excellente qualité !

=>Ce changement des seuils du SEQ, qui a été initié dans le Bilan pesticides publié en 2004 pour les données 2002, coïncide étrangement avec la mise en place de la DCE et, pour les eaux souterraines, des seuils du "bon état chimique" fixés à 0,1 µg/l par pesticide et 0,5 µg/l pour la somme des pesticides qui correspondent aux normes de qualité visées dans l'annexe V de la Directive cadre de 2000 (Directives n° 2000/60/CE du 23/10/2000 et n° 2006/118/CE du 12 décembre 2006). Il a pour conséquence directe que les points qui étaient affichés en qualité moyenne (teneurs au-dessus de 0,05 µg/l) avec le SEQ patrimonial ne sont désormais plus différenciés des points réellement peu contaminés (teneurs en-dessous de 0,01 µg/L).
On passe donc désormais directement d’une qualité "bonne" à une qualité qui nécessite un traitement. Impossible de voir les zones qui commencent à être contaminées et qui nécessiteraient une prise de conscience et des mesures de réduction précoces car des eaux souterraines contaminées le restent généralement très longtemps. Les points bleus au milieu des points oranges sont parfois difficiles à comprendre. Impossible aussi de calculer des évolutions pertinentes de la qualité de l'eau.

=>Sur cet exemple, on peut se demander comment la ressource en eau de peut-elle être gérée façon patrimoniale avec des informations aussi légères ? Ou pourquoi, si l'on dispose d'informations plus consistantes, ne les met-on pas à disposition du public ?

=>Le SEQ, un outil de gestion ou un outil de désinformation ?


Un exemple récent de désinformation progressive : les bilans pesticides successifs de l’Ifen

Continuons nos investigations sur ce même exemple des publications officielles sur la contamination de la ressource en eau patrimoniale par les pesticides : faisons à présent un bilan de l'évolution du contenu informatif des différents bilans pesticides publiés par l'Ifen.
On constate une réduction/dégradation progressive de ce contenu. Cette dégradation a été mise en place entre les données 2001 (parution 2003) et les données 2003/2004 (parution 2006) et a perduré par la suite dans la présentation nouvelle des résultats en ligne dont la dernière version en date de rédaction de cet article correspondait aux données 2006.

Un bilan des bilans pesticides de l’Ifen !

Le tableau ci-dessous parle de lui-même :

(Les croix rouges signifient une disparition de l’information et la flèche vers le bas, une dégradation)


=>Alors que dans son Bilan pesticides données 2001 paru en 2003, l'Ifen présentait les mêmes types de cartes, avec des SEQ à 5 classes, pour les réseaux de connaissance générale des cours d'eau et pour les réseaux de connaissance générale des eaux souterraines ; dans son Bilan pesticides données 2003/2004 paru en 2006 et pour les mêmes réseaux de connaissance générale, les deux cartes des cours d'eau et des eaux souterraines deviennent incohérentes, la seconde n'affichant plus que les 3 classes du SEQ usage eau-potable.

=>On est donc passé d'une connaissance environnementale "patrimoniale" du niveau de dégradation de l'état des eaux souterraines, à une connaissance anthropocentrique à court terme de leur "aptitude à fournir de l'eau potable", et comble d'incohérence, pour des eaux a priori non utilisées pour la production d’eau potable !!!

=>Et en même temps, l’Ifen a supprimé de son bilan les informations sur la qualité des eaux souterraines utilisées pour la production d’eau potable, pour lesquelles il aurait pu, à juste titre cette fois, utiliser le SEQ-eau "eau potable" !!

=> Dans le Bilan pesticides données 2003/2004 paru en 2006, le CD Rom comprenant tous les résultats détaillés fournit en complément des bilans a été entièrement supprimé ainsi que les informations qu'il contenait.

=>Le paragraphe intitulé "Evolution de la connaissance de quelques pesticides dans les eaux continentales depuis 1997" qui essayait de donner des tendances "pour des substances recherchées systématiquement" et pour "un échantillon, composé de toutes les stations suivies depuis 1997 dans le cadre du RNB" a été entièrement supprimé et remplacé par rien d'autre dans le Bilan pesticides données 2003/2004 paru en 2006 où l'Ifen précisait "Bien que la tentation soit grande, les pourcentages de stations ou d’analyses quantifiées donnés dans ces bilans ne doivent pas être interprétés en terme de tendances à ce niveau de l’évaluation de la contamination". L'Ifen confirmait d'ailleurs dans son Bilan pesticides données 2005 publié en 2007 (Les pesticides dans les eaux - Données 2005 (n° D9) - Décembre 2007 www.ifen.fr/acces-thematique/eau/publications.html), "Il n’est pas possible à ce jour de dégager des tendances d’évolution de la qualité des eaux vis-à-vis des pesticides". Le sujet des tendances aurait pourtant mérité d'être au moins abordé dans un paragraphe !

=>Ces désinformations et même confusions correspondent-elles à l'"avancée significative pour les prochains bilans annuels des pesticides dans les eaux" promise dans le Bilan pesticides données 2002 paru en 2004 ?

Mais où est donc passée l'information sur la qualité de l’eau brute utilisée pour la production d’eau potable ?

Il n’y a plus rien concernant les pesticides dans les eaux brutes utilisées pour la production d'eau potable dans le bilan de l’Ifen portant sur les données 2003/2004, excepté une référence renvoyant à une publication DGS (L'eau potable en France 2002-2004 – Qualité de l’eau en 2002). Cette publication appelle deux remarques :

-Pour la qualité des eaux brutes, cette publication DGS porte sur les données 2000 à 2002, donc en fait déjà publiées par l’Ifen puisqu’antérieures à ce bilan (Les pesticides dans les eaux – Données 2002 (n° ET42) – 2004 www.ifen.fr/acces-thematique/eau/publications.html).
=>Il n'y avait donc en réalité nulle part, ni dans le document de l'Ifen, ni dans le document DGS mis en lien, la qualité des eaux brutes exploitées pour la production d'eau potable pour les données 2003/2004 !

-Au bas de la page 45 de cette publication DGS, on lit cette toute petite note très étonnante :
"La somme des concentrations de tous les pesticides individualisés détectés et quantifiés doit par ailleurs rester inférieure à 0,5 µg/L. Ce paramètre "total pesticides" n'est pas exploité dans ce document"
=>Avec cette note de bas de page, la publication DGS s’était-elle affranchie des conditions de la norme réglementaire qui portent sur la somme des pesticides et pourquoi ?

Autres remarques sur l’information publique concernant les pesticides dans les eaux

On continue donc à engranger, en toute conscience, des données qui ne servent apparemment à rien d'autre qu'à rédiger un rapport de plus en plus vidé de son contenu et dont on peut se demander à quoi et à qui il sert.
Depuis 1997, l'Ifen signale avoir accumulé environ 10 millions d'analyses de pesticides, et il ose préciser dans son récent rapport paru en 2007 (Les pesticides dans les eaux - Données 2005 (n° D9) - Décembre 2007 www.ifen.fr/acces-thematique/eau/publications.html) qu'"Il n’est pas possible à ce jour de dégager des tendances d’évolution de la qualité des eaux vis-à-vis des pesticides".

=>Cela ne ressemblerait-il pas à un aveu d'incompétence, qu'elle se situe au niveau des personnes chargées d'exploiter ces données ou au niveau des gestionnaires qui seraient incapables d'organiser la production de données correctes ou des deux ? Et si ce n'est pas de l'incompétence, n'est-ce pas de la désinformation organisée à tous les niveaux ?


D'autres exemples récents sur le même thème

Sur l’inventaire exceptionnel réalisé en 2005

Cet inventaire est présenté comme "l'une des actions phare du MEDD pour la connaissance des substances présentes dans les milieux aquatiques dans le cadre des politiques européennes sur la protection des eaux" (Rapport d'Etude Ineris du 12/06/2006).

Pourtant l'Ifremer, commentant les résultats de cet inventaire (Séminaire AQUAREF – 31 mai 2007) signale que cet inventaire donne une image de la contamination chimique du littoral confuse :
-"Image de la contamination chimique du littoral confuse.
-Villerville, probablement l’un des sites les plus contaminés du littoral n’est pas identifié par l’inventaire (HAP, métaux, pesticides,…).
-Remarque identique pour la zone du delta du Rhône.
-Absence de pesticides, PCB et autres contaminants
".
Il déplore en particulier :
"la très grande variabilité des LQ " et que " les LQ sont calées sur les NQE (ou à 0,1 µg/l) et non sur les niveaux de contamination probable dans l'eau".

=>L'information officielle donnée à partir de cet inventaire exceptionnel sur la contamination chimique des eaux douces continentales ne serait-elle pas, elle-aussi, "confuse" ?

Sur l'insuffisance de la connaissance des micropolluants et de leurs effets toxiques

Le MNHN (Muséum National d'Histoire Naturelle) signale (La qualité de l’eau en France, J.-C. LEFEUVRE, MNHN, juin 2005 (synthèse du rapport)) :
"l'insuffisante prise en compte des micropolluants émergents et des polluants d’origine microbiologique" dans les états des lieux pour la DCE.
"On peut dès lors en déduire que le bilan de la qualité de l’eau tel qu’il ressort des états des lieux, aussi inquiétant soit-il, est pourtant en deçà de la réalité. Il exclut, en effet, deux causes importantes de pollution de l’eau dont les impacts sur la santé humaine, les populations animales et les écosystèmes sont avérés", et aussi "Il faut également noter que ces micropolluants ne figurent que de façon très minoritaire dans la liste des polluants identifiés par la Directive Cadre sur l'eau".
=>Quand donc aura-t-on enfin un état des lieux officiel qui ne soit pas "en deçà de la réalité" ?

Citons aussi les propos récents dans le journal du CNRS de la responsable du groupe "Physico- et toxico-chimie de l'environnement" à l'Institut des Sciences Moléculaires (Cote d'alerte sur la pollution des eaux – Novembre 2007) :
"Les fleuves et les rivières contiennent des millions de tonnes de polluants formés des rejets chimiques de nos industries, de notre agriculture et de nos activités quotidiennes. Ce qui signifie que l'on y trouve de tout : des solvants, des nitrates, des phosphates, des détergents, des produits cosmétiques, des PCB, notamment dans le Rhône, des nanoparticules de carbone qui pourraient jouer le rôle de surfaces absorbantes et de "pièges" pour d'autres contaminants… la liste comprend aussi des substances pharmaceutiques : paracétamol, ibuprofène, anticancéreux, anti-cholestérol, anti-inflammatoires, pilule contraceptive… "
Ou encore : "Nos connaissances sur ces polluants émergents sont encore lacunaires. Nous sommes donc aujourd'hui dans l'impossibilité d'établir un lien direct entre telle classe de molécules pharmaceutiques et tel problème précis de santé. Il n'en reste pas moins que nous voyons apparaître, dans de nombreux cours d'eau français, des phénomènes de féminisation des mâles chez certaines espèces de poissons (truite arc-en-ciel, gardon…), de gastéropodes, de grenouilles…, ainsi que des phénomènes d'immunotoxicité qui se traduisent par une diminution de l'efficacité du système immunitaire entraînant une sensibilité accrue aux agents infectieux".
Et ces lacunes concernent aussi l'eau potabilisable et potable :
"aucun plan de surveillance ne prévoit la détection systématique des molécules médicamenteuses ou des produits de chloration, potentiellement cancérigènes. Nous manquons de données sur ces nouveaux types de composés pour réellement faire une bonne évaluation de leur présence dans l'eau du robinet. Il serait souhaitable de disposer des moyens nécessaires pour s'en assurer, avant qu'une "grosse crise" n'éclate".
=>N'attend-on pas systématiquement que de "grosses crises" éclatent avant de se décider à mesurer systématiquement toutes les substances chimiques dont on a pourtant autorisé depuis longtemps les rejets directs et indirects et à informer correctement les citoyens ? On vient de nous informer qu'il y avait des PCB partout, alors que c'était prévisible ! On va découvrir qu'il y a des HAP partout, alors que c'était prévisible ! Que toutes les substances chimiques avaient fait des petits partout (produits de dégradation, métabolites, etc.) et parfois encore plus toxiques qu'elles, que toutes ces substances agissaient en synergie, alors que c'était prévisible ! Etc. La biodiversité est en crise avérée, la pollution chimique a une part de responsabilité importante dans cette crise, avec la féminisation des espèces et beaucoup d'autres impacts que l'on ne soupçonne même pas avec nos connaissances actuelles, et c'était prévisible ! Et pendant ce temps, les publications officielles nous présentent d'infâmes tripatouillages de seuils patrimoniaux de pesticides remontés en seuils d'usage ?

L'Ifremer précise en conclusion de sa présentation de l'inventaire exceptionnel de 2005 qu'il signale donner une "image de la contamination chimique du littoral confuse" (Séminaire AQUAREF – 31 mai 2007) : "l’évaluation de l’efficacité des politiques publiques nécessite une information environnementale de qualité et digne de confiance".
=>Mais quand donc les citoyens disposeront-ils d'informations "de qualité et dignes de confiance" qui leur permettront d'évaluer les politiques publiques dans le domaine de l'eau ?

Sur la fiabilité des informations officielles

Prenons par exemple le chapitre "L'eau" publié dans "L'environnement en France Edition 2006" de l'Ifen (http://www.stats.environnement.developpement-durable.gouv.fr/uploads/media/eau_ree2006_01.pdf) :
Ce document publié en 2006 (avec les incohérences exposées plus haut) a été modifié en 2009, soit 3 ans après sa publication, avec la justification suivante placée en tête du nouveau document (http://www.stats.environnement.developpement-durable.gouv.fr/fileadmin/publications/les_syntheses/2006/ree2006_nouvelle_maquette_2009/ree2006_eau_corrige.pdf) :
"Ce document est une version corrigée en juillet 2009. Les corrections portent sur les données relatives à la qualité des eaux, hors pesticides, (p.209 à 213, 217, 219 et 223) qui étaient erronées".
Si l'on compare les deux publications, celle de 2006 et celle de 2009, les corrections sont en réalité très lourdes :
Le nouveau chapitre a quatre pages en moins par rapport à l'ancien ! A l'exception des pesticides et d'un graphique de qualité pour les nitrates, toutes les cartes et graphiques montrant la qualité physico-chimique et chimique calculée avec le SEQ ont été supprimés, réduisant les paragraphes correspondants à des affirmations gratuites puisqu'étayées par aucun support statistique.
Le graphique de qualité pour les nitrates a été "corrigé". Le pourcentage des points qui ne sont pas en bonne qualité passe ainsi d'environ 50 % dans la version initiale ("La dégradation s’est stabilisée ces quatre dernières années… Plus de 50 % des points sont en classes moyenne à mauvaise") à environ 75 % dans la version corrigée ("La dégradation s’est stabilisée ces quatre dernières années. Plus de 75 % des points sont en classes moyenne à mauvaise"). Ce qui n'est pas tout à fait pareil !

=>De deux choses l'une :
-Soit toutes les données brutes de qualité de l'eau depuis 1971 sont erronées ! Ce qui paraît invraisemblable et aurait des répercutions par ailleurs.
-Soit, et c'est sans doute ce qui se cache dernière la justification laconique de l'Ifen, les calculs de qualité SEQ étaient erronés pour tous les paramètres sauf pour les pesticides !

=>Il reste à espérer que les évaluations officielles de l'état des eaux pour la Directive cadre sur l'eau ne sont pas, elles aussi, "erronées" !

Au vu de la qualité des premières publications du SOeS déjà disponibles, l'article Information ou désinformation sur l'état des eaux (3) : les publications officielles du SOeS depuis 2009 sur l'état des eaux et ses tendances sont consternantes devrait être assez édifiant sur la fiabilité de l'information officielle la plus récente !

Sur certaines contradictions

Cet exemple concerne les paramètres physico-chimiques de qualité de l'eau supportant la vie biologique (Circulaire DCE n° 2005-12 du 28 juillet 2005 relative à la définition du " bon état " ):
"Pour l’évaluation de l’état, la méthode de calcul du percentile 90 % doit être utilisée : essentiellement en raison du fait que la méthode des moyennes est moins pertinente car les organismes biologiques sont affectés par une concentration maximale, même si son occurrence est faible. De plus, cette méthode est en continuité avec les pratiques actuelles" !

=>On retirerait donc de l'ensemble des concentrations mesurées dans l'année celles qui sont les plus élevées, sans que les fréquences de mesure puissent permettre d'avoir une idée précise des concentrations maximales réelles rencontrées et tout en expliquant en même temps que ce sont justement les plus impactantes ?

=>Puisque "la méthode des moyennes est moins pertinente car les organismes biologiques sont affectés par une concentration maximale", pourquoi les publications récentes de l'Ifen-Soes comme par exemple "La qualité des rivières s’améliore pour plusieurs polluants, à l'exception des nitrates" (http://www.ifen.fr/acces-thematique/eau/publications.html (Le Point Sur n°18) - Juillet 2009), se basent-elles sur "des moyennes annuelles de concentrations" dans les cours d'eau ?

Sur d'autres contradictions

L'exemple de la désinformation constatée dans l'évolution des bilans pesticides de l'Ifen est à rapprocher des propos tenus par le Directeur de l'eau de l'époque lors d'un entretien public du 23/11/05 (L'eau, ressource épuisable ? Catherine Chabaud et Pascal Berteaud ont dialogué en direct avec les internautes) :
"Les pesticides, c’est un risque de pollution majeur dans l’eau, avec des molécules de plus en plus puissantes qu’on a du mal à suivre parce qu’elles mutent".

=>Une suggestion aux gestionnaires de l'eau, au cas où ils n'y auraient pas déjà pensé : ne serait-il pas plus facile de réduire l'information sur les pesticides dans les eaux que de réduire les pesticides eux-mêmes dans les eaux ?


Conclusion

Il semblerait finalement que l'information officielle délivrée aux citoyens soit encore et toujours tout à fait insuffisante et inadaptée par rapport aux enjeux de notre époque et à la gravité des contaminations par les substances chimiques.
Dans le domaine des pesticides, il y aurait même une régression caractérisée de l'information. Les publications prendrait-elles carrément les citoyens pour des jambons en ne présentant pas toutes les informations disponibles, en ne tenant pas leurs promesses et embrouillant à souhait les lecteurs dans des présentations incohérentes et anti-pédagogiques ?

Comme le montre l'article L’inaptitude des données brutes à décrire l’état chimique réel de l’eau, des sédiments ou des MES, l'insuffisance en matière d'information sur l'état chimique patrimonial réel des milieux aquatiques est malheureusement accompagnée de l'insuffisance en qualité comme en quantité des données brutes sur la contamination chimique de ces milieux.
Et cela est encore plus grave puisqu'on ne pourra jamais espérer non plus produire de l'information correcte de façon rétrospective, la mémoire conservée dans les données brutes n'étant largement pas à la hauteur des contaminations qui ont été autorisées. Le passé des contaminations chimiques réelles est comme effacé alors qu'elles ont et auront encore pendant longtemps des impacts certains sur la biodiversité et sur la santé humaine. On pourra néanmoins, par exemple avec des carottages dans les sédiments des rivières et des mers, retrouver la trace de quelques substances hydrophobes. Pour les autres, en particulier pour la plupart des pesticides, il semble que l'information soit perdue en surface, et qu'il faudra aller chercher quelques traces du passé dans les nappes durablement contaminées.

Au vu des premières circulaires sur la surveillance chimique française des eaux mise en place dans le cadre de la DCE (Information ou désinformation sur l'état des eaux (1) : la surveillance des contaminants chimiques et l'évaluation de l'état chimique DCE ne sont que des leurres), il semble qu'il n'y ait pas d'amélioration significative à espérer des futures données brutes et que les problématiques de base de cette surveillance n'aient pas été ni correctement posées ni correctement résolues (LQ non patrimoniales, effets cocktails oubliés, protocoles trop légers et inadaptés, contenu et réactivité des listes de substances mesurées insuffisants, etc.).
L'objet de l'article Information ou désinformation sur l'état des eaux (3) : les publications officielles du SOeS depuis 2009 sur l'état des eaux et ses tendances sont consternantes est d'observer si l'information officielle communiquée à partir de cette surveillance s'est ou non améliorée. Au vu des premières publications disponibles, ce n'est pas vraiment le cas !
Alors pour faire évoluer les choses et être correctement et rapidement informés, les citoyens n'ont plus désormais que les choix de manifester en masse leur mécontentement et de créer, grâce à la convention d'Aarhus, une Information libre sur l'état des eaux et des données sur l’eau. Avec un grand merci à ceux qui se sont battus pour que les données brutes environnementales soient rendues publiques.
Il va de soi que lorsqu'on nous disposerons d'évaluations officielles patrimoniales détaillées, approfondies, transparentes, critiquables et récentes de l'état réel des milieux aquatiques, des sites comme Eau-Evolution n'auront plus de raison d'être.

Mais à qui donc la mauvaise qualité de l'information sur l'état chimique des eaux pourrait-elle profiter :
-Aux agriculteurs ? Ils sont les premiers à subir les effets nocifs des pesticides. Des informations trop vagues et trop confuses desservent ceux qui font des efforts, et ils sont nombreux, pour moins polluer et qui aimeraient que cela se voit.
-A l'industrie chimique, pesticides y compris ?
-A l'évaluation des politiques publiques ?
-A la directive cadre sur l'eau avec son potentiel de sanctions ?
-A faire une belle carrière administrative ?


Création : 26 février 2010
Dernière actualisation :

Commentaires (fermés depuis mars 2014)

Cyrille WWF, le 2011-02-15 10:02:01

Voilà une belle illustration/démonstration de la façon dont on peut s’y prendre pour berner les citoyens, à partir des données environnementales.
Dormez tranquilles braves gens, on s’occupe de tout… Et surtout de bidouiller les données brutes pour restituer une information minimisant la situation…
Cette démonstration sur la base des données publiques ayant trait à l’eau est imparable. Que dire des autres données environnementales ou autres (santé, économiques, emploi,….)? Peut on faire confiance aux autres documents officiels s’appuyant sur des données publiques et aux politiques qui en découlent. Quand on sait que l’ensemble de nos politiques publiques sont établies à partir de rapports utilisant des données publiques.


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