Voir l'état des eaux et son évolution - rivières et aquifères

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La rivière "le Loir" à St-Maur-sur-le-Loir et à St-Denis-les-Ponts : hausse des concentrations de nitrates de 1971 à 2008


Résumé : un exemple de hausse importante et durable des teneurs en nitrates dans un cours d'eau à cause de l'agriculture intensive.


Le Loir est l'un des cours d'eaux du réseau hydrographique de l'ouest de la Beauce. Il est alimenté principalement par le ruissellement. Il communique en amont avec la nappe de Beauce polluée depuis longtemps par les surplus des nitrates utilisés par l'agriculture intensive (voir l'article La "nappe de Beauce" à Nottonville : évolution des nitrates et des chlorures, dureté, pesticides, de 1985 à 2007). L'évolution des concentrations de nitrates trouvées dans la partie amont du Loir reflète l'évolution des pratiques agricoles dans cette région agricole et permet d'avoir une idée de l'évolution des nitrates dans la nappe de Beauce.
Un bilan récent est disponible dans l'Etat des lieux du SAGE Loir.

Méthode

Les concentrations en nitrates sont téléchargées à partir du site de téléchargement des données brutes du portail de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne. Eau-Evolution a choisi les deux stations les plus suivies pour les nitrates en amont du Loir : St-Maur-sur-le-Loir et St-Denis-les-Ponts. Elles se situent respectivement en amont et en aval de la confluence avec la Conie qui est une résurgence de la nappe de Beauce.
On dispose de données mensuelles depuis 1971 à nos jours, mais parfois très incomplètes.

Eau-Evolution a choisi de remplacer les 2 valeurs en-dessous des limites analytiques ("Anal.-Remarque"=2) par la valeur de la limite indiquée correspondante.

Les concentrations mensuelles sont plus faciles à représenter sur une aussi longue période que les concentrations ponctuelles. Eau-Evolution a choisi de présenter les concentrations mensuelles maximales plutôt que les concentrations mensuelles moyennes. Si un mois comporte par exemple deux mesures, la concentration maximale, qui peut très bien traduire la réalité des concentrations dans l'eau pendant la moitié du mois ou plus, reflète bien mieux (en particulier pour les organismes qui ne vivent pas longtemps mais qui sont à la base de la chaine alimentaire) l'impact potentiel sur la vie aquatique qu'une concentration moyenne sur le mois.
De façon générale, les moyennes sont à utiliser avec beaucoup de précaution, surtout lorsque l'on s'adresse à la nature. Un poisson, une algue ou un petit invertébré ne vit pas dans une qualité d'eau "moyenne". Un SDF ne meurt pas d'une température moyenne hivernale, une crue peut passer inaperçue dans un débit moyen, etc.
Par ailleurs, ce type de graphique permet de voir facilement si les données mensuelles existent ou pas pour les périodes qui correspondent aux minimum ou aux maximum des concentrations en nitrates.

Les données sont traitées avec Excel 2007.

Afin de faciliter l'interprétation du couplage pluviométrie/concentrations en nitrates, Eau-Evolution a choisit d'utiliser pour ses différentes représentations graphiques des échelles de temps qui respectent les grands cycles pluviométriques pluriannuels. On trouvera dans "La pluviométrie annuelle en France des années 1950 à nos jours" une aide importante pour interpréter la qualité de l’eau et son évolution (il ne s'agit malheureusement que de données globales par année et nationales).

Résultats

Les deux graphiques suivants montrent l'évolution des concentrations de nitrates en amont du Loir (les morceaux de courbe absents correspondent aux données manquantes) :





Les concentrations en nitrates sont naturellement influencées par la pluviométrie. Au cours de la même année, elles augmentent en hiver, avec les lessivages des sols par les pluies. Elles restent élevées au début du printemps et chutent pendant les étiages à la fin de l'été.

Les concentrations minimales d'étiages restent élevées à la station de St-Denis-les-Ponts, probablement en raison du mélange avec les eaux de la nappe de Beauce.
Les concentrations maximales passent d'environ 25 mg/l en 1971 à 86 mg/l en 1998 !
Ces dernières années, elles se situent entre 65 et 75 mg/l, ce qui reste très élevé.

De façon générale, on constate la mauvaise qualité des données dont la fréquence insuffisante ne permet pas d'évaluer correctement les pics de concentration.

Les deux graphiques suivants permettent de mieux suivre les évolutions des concentrations à des périodes stratégiques :
  • L’hiver avec les pics de concentration
  • Le début du printemps avec l'éclosion et le développement des jeunes organismes aquatiques a priori sensibles à toutes formes de pollution, et à leur effet synergique (nitrates + pesticides + HAP + PCB + etc.)

Chacune des 3 courbes ci-dessus montre l'évolution des concentrations de 1971 à 2008, respectivement pour les mois de janvier, février et mars.


Chacune des 2 courbes ci-dessus montre l'évolution des concentrations de 1971 à 2008, respectivement pour les mois d'avril et mai.


Il y a un lien marqué entre les cycles pluviométriques pluriannuels et les cycles des concentrations de nitrates. Les évolutions ne peuvent donc se constater que sur un terme suffisamment long qui prenne en compte plusieurs cycles pluviométriques.
Malgré un manque de données important, ces graphiques laissent deviner que les concentrations élevées auraient baissé par rapport à celles rencontrées durant les cycles pluviométriques précédents qui couvrent les années 89 à 2002. En particulier, les remontées pluviométriques de 2006/2007 qui constituent apparemment le début d'un nouveau cycle pluviométrique n'ont pas provoqué la même croissance des concentrations dans les cours d'eau que par exemple lors des débuts des derniers grands cycles pluviométriques de 92/94 et 98/2000.
Compte tenu de la variabilité importante des conditions hydrologiques, on ne peut pas encore, au vu des seules concentrations, évoquer de tendance récente, c'est-à-dire depuis 2003, à la baisse.

On laisse ainsi perdurer des concentrations de nitrates très élevées dans une eau qui devrait pourtant bénéficier d'une gestion patrimoniale depuis 1992. Les pratiques agricoles n'ont pas permis d'amélioration importante depuis ces 20 dernières années ! Ce qui signifie aussi que les nitrates ont continué de pénétrer dans la nappe sans que l'on ne fasse rien de significatif pour les en empêcher.

Alors, la question de gros bon sens : cécité durable vis-à-vis des données de l'environnement et/ou inaction durable ? et le bon état des eaux en 2015 ?



Création : 5 février 2009
Dernière actualisation :

Commentaires (fermés depuis mars 2014)

Cyrille WWF, le 2009-09-25 10:31:47

On se situe en amont du BV du Loir dans une région très agricole. La tendance donnée par les courbes ne laisse pas voir d’amélioration notable, ce qui laisse entrevoir des apports continuels dans la nappe, et donc pas d’amélioration à attendre quant à l’état de cette dernière pour ce seul paramètre (à croiser avec l’article portant sur la nappe à Nottonville). Quand on sait que la population dépend essentiellement de cette ressource phréatique pour ses besoins en AEP !.....


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